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Critique de Verteflamme


Lu pour ma culture générale, cet ouvrage a éveillé en moi des sentiments mitigés. Déjà, il faut dire que je suis très loin d'être nationaliste. En fait, la notion de nation m'est étrangère. (Le nationalisme m'est étranger ;) ) Je n'ai donc pas lu ce livre car il est recommandé par la liste de lecture du RN (qui compte aussi du Gramsci, il y a pas mal de récupération dans cette liste). Même en évitant les a priori, je ne peux prétendre m'affranchir de toute idée reçue.

Formellement et dans la méthode, c'est bien écrit (ou bien dit, c'était une conférence à l'origine). Il s'agit de vivisection : traiter le monde contemporain de Renan (fin dix neuvième, période propice à un nationalisme romantique) comme une civilisation lointaine. La nation est une notion très disparate : la Suisse, confédération, en est une, la France aussi, pourtant ce sont deux modèles très différents.

Dans l'idée, il s'agit de chercher les critères qui font d'un peuple et territoire une nation : et d'abord, par élimination. Non, la race (ou l'origine ethnique pour s'adapter au 21e siècle), la langue, la religion, la géographie et les intérêts communs (sur ce point, abordé le plus rapidement des cinq, je vais revenir) ne font pas la nation. Déjà le RN (qui a recommandé cette lecture) devrait en prendre de la graine. Par ailleurs une nation ne devrait ni coloniser ni annexer d'autres territoires. (on est au dix neuvième siècle et la France comme d'autres nations européennes colonisaient, en cela Renan se montrait plutôt progressiste, surtout qu'il demande à ce qu'on respecte l'opinion des populations).

Non, la nation est davantage une question de conscience. L'intérêt commun, au fond, c'est bassement matériel. Bref, on nage dans l'idéalisme le plus totale, dans l'idéologie, et le ton surtout au troisième chapitre se fait dithyrambique. En tant que sinistre marxiste je n'aime pas tellement ça. Et pour quelqu'un qui encourage la nation, Renan écrit (marquant presque un but contre son camp) qu'une nation se fonde sur un oubli voire un effacement historique. C'est vrai : si j'apprends que Clovis a mené des guerres de conquêtes et a fondé la France sur la violence, mon sentiment d'appartenance à la nation (j'y reviendrais) faiblira. Et encore, j'ai dit Clovis mais j'ai pensé à des débats plus contemporains : faut il enseigner la colonisation ? (je pense que oui). Chirac a t il eu raison de reconnaître la responsabilité de l'Etat Français dans la Shoah en 1995 ? (sans être une grande chiraquienne je pense que oui). C'est là qu'on peut se demander si la recherche d'exactitude scientifique (ici, historique) ne prime pas sur le roman national. (et vous aurez compris vu la formulation que je pense que oui).

Mais voilà, la nation est psychologique, c'est une Idée. (Et une Noble Idée). Et donc effectivement, c'est une croyance, et si je diminue le sentiment d'appartenance à une nation (en enseignant les exactions de la France à l'école par exemple), je lui porte atteinte (ce n'est pas dit, du moins pas dans mes souvenirs, mais c'est une conséquence logique). Renan reste progressiste lorsqu'il élimine la race des critères : il prédit que si l'Allemagne continue de se soucier de la race, cela causera la ruine de l'Europe. (Visionnaire).

Alors voilà, je ne suis pas d'accord avec la plupart des idées, mais si je lis ce livre comme cernant l'idée de nation, je peux dire qu'il me semble viser juste. Il y a de bonnes choses à tirer de cet essai en dépit de mon désaccord.

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