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Critique de Zora-la-Rousse


Un groupe de scientifiques terriens débarquent sur la planète Margaretta, colonisée depuis plusieurs centaines d'années déjà par des colons venus eux-mêmes de la Terre. Cette mission scientifique qui se compose de différents spécialistes : un biologiste, un géologue, un sociologue, un économiste et une jeune psychologue, la narratrice, viennent étudier avec intérêt l'évolution de cette société. En effet, ceux que l'on appelle à présent les Margarettiens ont construit une civilisation spécifique, avec un mode de vie, une organisation, des règles et des moeurs, qui leur sont propres et plutôt éloignés de ce qu'ils pouvaient être à l'origine.
Au premier abord, la cité où ils sont accueillis paraît paisible et calme, sans histoire. Pas de problème d'argent, tout se règle au troc ; pas de conflit ni de guerre déclarée : en un siècle, seuls quatre meurtres ont été à déplorer sur la planète. Pas de problème de natalité enfin, les familles sont nombreuses, hommes femmes et enfants épanouis et vivant dans une certaine aisance matérielle. Une originalité cependant est rapidement remarquée par les visiteurs : la présence de statues de jeunes filles, d'un réalisme troublant et enchaînées avec un cadenas dans les jardins jouxtant chaque demeure. Ils apprennent rapidement qu'elles proviennent des monastères de chaque cité, qui les fabriquent sur commande pour les jeunes filles qui veulent se marier. Ainsi, exposer sa statue et accepter de donner la clef du cadenas à un prétendant équivaut à un engagement marital.
Cette coutume ne laisse pas nos scientifiques indifférents, bien au contraire, et la curiosité pousse même l'un d'entre eux à jouer le jeu de la demande auprès d'une jeune fille dont il obtient la clef, mais il est retrouvé assassiné non loin du monastère où il devait se retirer avec la statue. Cette dernière est retrouvée près de lui, éventrée. La venue de l'équipe scientifique aurait-elle mis en péril la quiétude de la cité qui les a accueillis ? Leur curiosité et intérêt scientifiques auraient-ils dérangé, perturbé quelqu'un ou quelqu'une jusqu'à commettre l'irréparable ? C'est ce que notre jeune psychologue sera chargée découvrir...

Voilà une auteure française de science-fiction étonnante, qui mérite grandement qu'on la découvre, ou re-découvre. Ce livre publié en 1972 démarre tel un roman policier pour s'ouvrir à une réflexion étonnante et pertinente sur la condition féminine. En effet, la société décrite par Christine Renard consacre la femme au foyer, vouée à la seule satisfaction de l'homme et réduite à la fonction de mère. Son éducation la conditionne à avoir la sexualité en horreur et à abandonner cette partie d'elle-même à sa statue propre qui, elle, appartient à l'époux qui en dispose comme il l'entend.
La venue de la narratrice et de ses compagnons de voyage va, bien malgré eux, dénoncer ces pratiques et contribuer à amorcer une révolution féministe d'ampleur, qui ne sera pas sans conséquence pour chacun d'entre eux. La grande intelligence de l'auteure réside d'ailleurs dans la conclusion de son roman, sur la complexité et l'ambivalence portée par la narratrice elle-même quant aux changements passés et à venir.
Une auteure trop tôt disparue dont les écrits j'espère seront de nouveau publiés...
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