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Critique de mylena


mylena
19 décembre 2022
Louise, comptable, observe depuis de nombreuses années la maison cossue sise en face de l'usine de brioches où elle travaille. Au début de ma lecture j'ai pris peur car très vite il est évident que la lecture va être heurtée et complexe : une syntaxe inhabituelle, un usage original de la ponctuation, beaucoup de personnages dont la plupart n'ont pas de noms (un monsieur, une blonde, une rousse, …). Je suis décontenancée, mais en même temps le style est d'emblée intéressant, car il est efficace, il donne du rythme, il mêle dialogues et narration sans pauses (pas de tirets). Je suis vite accrochée, mais vais-je tenir plus de 300 pages à un rythme pareil ? Finalement oui, et sans plus de difficultés. Les personnages sont nombreux, très nombreux, car les chapitres sont courts et presque à chaque chapitre apparaît un nouveau personnage qui réapparaitra plus tard, vu sous un autre angle. Heureusement tous ces personnages ont un nom, y compris le monsieur, la blonde et la rousse du début. Pendant des années l'imagination de Louise galope, mais la maison cossue est bien le point central autour duquel gravitent, de près ou de loin, tous les petits bouts de vie contenus dans ce roman. Tout ce petit monde mène des vies ternes, a priori très ordinaires. Sauf que parfois ces vies médiocres ne sont pas ce que l'on croyait et nous réservent de petites surprises, dont un agent double, un tueur à gages, deux détectives,… Les traits des personnages peuvent paraître un peu grossis, mais c'est qu'ils sont vus à la loupe, à un moment où aucune de leurs petites manies, aucun de leur défaut n'échappe à l'oeil. C'est une écriture très visuelle (mais pas forcément cinématographique). Tout ce petit théâtre m'a fait penser à «Au bord de la nuit» de Friedo Lampe, mais aussi à des albums pour enfant. En particulier à deux albums sans texte : «La course au gâteau» de Thé Tjong-Khing pour sa multitude d'histoires conduites en parallèle, et, pour l'effet de zoom, à «La nature du plus près au plus loin». Sauf que là, il s'agit d'un roman, alors, chapeau pour avoir réussi à trouver par son style très particulier un procédé narratif pour nous faire voir toutes ces intrigues parallèles qui s'entrecroisent ou s'intercalent, en changeant littéralement de focale, et toujours avec un regard à la fois acéré et acerbe. Car Noëlle Renaude ne se départit pas, tout au long de son roman, d'un ton faussement neutre, parfois humoristique, souvent un brin cynique, et toujours sans tendresse ni complaisance pour ses personnages. C'est inventif et brillant. Pour moi le seul point faible est la pirouette finale, inventive certes, mais un peu décevante, qui m'a conduite à ne mettre que trois étoiles à ce roman auquel j'ai pourtant trouvé plein de qualités.
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