« Elle songe à sa collègue de l’emballage qu’on a virée. Sans doute qu’il leur manque, à Zeb et elle, un idéal à quoi se raccrocher, un horizon élargi, un truc magique, une liste de ruses pour sortir de ce bagne, mais où qu’elle se tourne, c’est gris souris, et elle aimerait bien qu’on lui explique comment on fait pour éviter les embûches et aller droit vers la lumière sans être forcé de rester courbé pour voir où on pose ses pieds. »
Louise est anéantie, elle ne voit qu’une raison à ça, la blonde a perdu son bébé.
Ce qui expliquerait cette tristesse qui frappe Louise.
Elle annonce à Mignon,
Elle l’a perdu, son bébé.
Et Mignon rouspète car il s’est gouré de ligne dans ses comptes.
Annie Potocki à l'écoute est perplexe, cet Ali n'enverrait-il pas des messages cryptés, ça en à tout l'air, mais à qui ? Le dernier est particulièrement suspect. La pensée balayée la matière domine. Plus sophistiqué que les carottes sont cuites, c'est sûr, mais les carottes cuites ont un jour changé la face du monde.
On entend une mouche rescapée du froid voler. Ce qui énerve Mehdi qui n’arrivant pas à l’estourbir ouvre la fenêtre et à coups de grands moulinets la fout dehors, la mouche raplapla, libérée, s’éloigne n’importe comment dans le vent du nord, traverse la rue, ahurie, sans le décider, ne comprenant pas ce qui lui arrive, chahutée par la bise qui la propulse vers la haie de sapins, côté entrepôt, et échoue bing sur une branche, histoire de récupérer un chouia, incapable de piger quoi que ce soit à ce qu’elle vient de vivre puis elle ne tarde pas à faire sa petite toilette parce que ça c’est le principal.
Toute famille aisée planquée derrière ses murs de belles pierres fourmille de ces secrets et entorses à la bonne morale, la catholique, la calviniste, la républicaine ce que tu veux, seuls les miséreux dans leurs misérables galetas ouverts à tous les vents voient leurs misérables secrets éventés incapables qu'ils sont, les miséreux, de les retenir, de les neutraliser et de les empêcher de s'exporter dehors.