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Critique de lafilledepassage


Le puits, il y fait sombre, humide et souvent froid…. Être au fond du puits, c'est être au plus bas, en pleine déprime. Et puis (sans t ici) c'est aussi un symbole des pulsions refoulées, de l'inconscient, de notre part la plus obscure et la plus inavouable, faite d'animalité et de folie.

Mais quelle drôle d'idée de décider d'y descendre pour y rejoindre le Grand et le Petit ! Les deux frères y sont tombés par accident, en traversant la forêt, après avoir fait des emplettes en ville pour leur mère. Ça sent le conte merveilleux …

Bon ce livre m'a agacée pour plusieurs raisons. D'abord c'est une histoire foncièrement sombre, sans joie, sans rire, sans lueur d'espoir. Aucune légèreté non plus. Les seuls moments où on respire un peu ce sont les rêves ou les hallucinations du Petit, jusqu'à ce qu'on comprenne que le pauvret est tout simplement en train de sombrer dans la folie. Pas le livre idéal donc pour vous changer les idées dans ces temps moroses, ces jours trop courts et ce ciel plombé … sauf si vous vous dites que vous n'êtes pas si mal tout compte fait, que d'autres, les deux frères par exemple, sont plus mal lotis.

Ce qui m'a passablement énervée c'est aussi l'obéissance absurde des deux frères à l'injonction de la mère qui leur a interdit de toucher aux victuailles ramenées de la ville. Quoi, des gosses se laisseraient crever de faim dans le puits pour ne pas désobéir à leur maman chérie ? Allons bon.

Et enfin, l'idée du sacrifice, idée ici aussi absurde qu'un seul des deux en réchapperait, au prix de la mort de l'autre, m'a tout simplement été insupportable.

Il faut bien l'avouer : je n'ai absolument rien compris à ce roman métaphorique. le puits préfigure-t-il la misère matérielle de la classe laborieuse dont il serait impossible de sortir ? Est-ce une critique sociale, ce que laissent penser les deux citations de Margaret Thatcher et de Bertolt Brecht reprises en épigraphe (et que j'ai reproduite sous le nom de ces auteurs) ? Alors le principe de sacrifice me révolte absolument : on ne pourrait sauver de la misère toute l'humanité, une partie d'entre elle est condamnée à rester au fond du puits, c'est ça ?

Autre interprétation possible : le Grand et le Petit seraient une seule et même personne, le Grand étant la part matérielle de l'individu et le Petit, sa part spirituelle. Et donc le message serait que même si on souffre matériellement on peut toujours s'en sortir grâce à l'esprit. Ou sauver son âme. Pas convaincue là non plus.

Et puis encore : pourquoi l'auteur insinue-t-il que la mère a voulu tuer ses enfants ? Pourquoi n'a-t-il pas attribué ce rôle au père ? Peut-on dès lors assimiler la mère à notre bonne et très chère vieille Terre, ce qui ferait de cette histoire un roman écologique ? Si l'auteur avait choisi le père, on aurait pu y voir Dieu, et cette histoire serait une parabole religieuse, alors. Ouais bof je suis larguée !

Bon je reconnais que c'est magnifiquement écrit. Les rêves, les hallucinations, les transes (qu'on peut considérer aussi comme des prophéties ?) sont de vrais petits bijoux de poésie. Et la fraternité entre les deux frères est remarquable et extraordinaire. Dommage que le message soit si embrouillé.
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