AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cathcor


Merci, tout d'abord, à Babelio et à Masse critique pour cet envoi.
Le titre "Des femmes admirables" est-il ironique, s'agissant de ces criminelles,de ces mères abusives, de ces femmes ambitieuses? Ou est-il à prendre au sens étymologique: femmes admirables parce que provoquant étonnement et surprise pour leur forte personnalité? La question reste ouverte.
Quant au sous-titre "Portraits au vitriol", j'ai envie de dire qu'ils le sont plus du fait des auteurs des oeuvres qui lui servent d'appui que de celui d'Olivia Resenterra.
Le dessein affirmé de celle-ci, dans son avant-propos, est d'expérimenter la méthode de Swift permettant de débusquer les femmes dont le but est de rendre la vie impossible à leur entourage. En fait, point n'était besoin d'elle ou de Swift pour identifier ces femmes détestables, les écrivains ou réalisateurs ne laissant nul doute à ce sujet. Qu'il s'agisse de la Madame Fichini des "Petites Filles Modèles ", vulgaire, vénale, perverse, de Madame Kohut mère dans "La Pianiste", qui ne laisse pas souffler sa fille une seconde et taillade en son absence sa garde-robe, pour la punir de s'acheter elle-même des vêtements, ou de la Milady des Trois Mousquetaires, beauté diabolique et sorcière polymorphe, les auteurs sont suffisamment explicites: ces femmes sont horriblement dangereuses.
L'intérêt de l'essai d'Olivia Resenterra est donc, à mes yeux, ailleurs. Il est dans la grande culture de celle-ci, qui nous plonge- ou nous replonge- dans des oeuvres variées (romans, théâtre, nouvelles, films), dans des pays variés (Angleterre, France, Etats-Unis, Russie, Allemagne ), à des époques variées (du XVIIème à nos jours, puisqu'Ingrid Betancourt fait aussi partie de cette galerie), avec des personnages principaux aussi bien que secondaires (l'Oenone de "Phédre" par exemple).
L'intérêt - et il n'est pas des moindres- est aussi dans les analyses fines, percutantes, rapides bien qu'approfondies.
Il est enfin, et surtout,dans le questionnement suscité par ces portraits. Qui est, finalement, odieux (ou admirable)? Claire Zahanassian (dans "Le retour de la vieille dame" de Friedrich Dürrenmatt), venue se venger de son ancien amant, l'épicier Ill? Ou le maire de la petite ville, qui a chargé celui-ci de faire "cracher ses millions " à Claire, en souvenir de leur idylle passée? Ou même les habitants de la petite ville, qui acceptent de livrer Ill contre un chéque conséquent? Lucie, saignée par Dracula, n'est-elle pas victime, tout comme Claire, obligée de se prostituer parce que Ill l'a abandonnée ? N'éprouve-t-on pas une certaine pitié pour la fiancée de Frankenstein, qui meurt engloutie dans l'écroulement du laboratoire qui l'a vue naître? de la pitié, aussi, pour Lady Macbeth et pour sa fin pathétique ?
J'irai plus loin. N'éprouve-t-on pas de l'admiration pour plusieurs des femmes ici analysées et hors du commun? Pour Lady Macbeth, qui ne craint ni les fantômes, ni les remords? Pour la Sidonie Verdurin de Proust et sa réussite exemplaire?
Que dire, en revanche, de certaines figures masculines? de Frankenstein, qui étrangle les filles? du Dr Pretorius, scientifique sans scrupule, qui n'a que faire de la solitudde et du besoin d'amour de Frankenstein? Que dire de Sebastian dans "Soudain l'été dernier" de Violet Venable, qui, par un pacte incestueux, constitue avec sa mère un vrai couple de prédateurs ? Et du veule Charles Bovary? On en arrive même à un véritable réquisitoire contre les hommes à travers le personnage d'Humbert Humbert dans "Lolita" de Nabokov, qui ne cesse d'avancer masquer dans le mariage caricatural qu'il a accepté et qui manie son épouse en attendant de pouvoir l'éliminer proprement.
Nos certitudes vacillent, nos icônes se fendillent- n'est-ce pas le rôle même que doit s'assigner la littérature?- et le meilleur exemple en sont les pages pleines d'humour consacrées à Ingrid Betancourt, la "super star", la Jeanne d'Arc de notre temps, qui a elle-même soigneusement écrit l'histoire de son personnage.
Bref, un mince petit livre plein de richesses...où l'on déplore pourtant quelques fautes d'orthographe, qui ne remettent néanmoins pas en question la valeur de l'ensemble.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}