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Critique de Ziliz


Après s'être fait agresser à quinze ans par des petites frappes, Laurent s'est mis à suinter la peur, elle se lisait dans son regard, dans son attitude. Ça l'a rendu peu sûr de lui et parano aussi : aujourd'hui, il supporte mal de se soumettre aux ordres de son chef, par exemple. Mais avec une dose de mauvaise foi, il en rajoute dans le côté victime : s'il arrive fréquemment en retard (et se fait houspiller par son supérieur), c'est la faute du bus, des embouteillages... Mouais...
Il entretient sa haine du système et la sensation de n'être qu'un pion avec deux copains d'enfance.
Il pensait avoir retrouvé confiance en lui avec la naissance de sa fille, il était devenu quelqu'un d'important pour elle, une référence : « Je possédais enfin une certitude, celle d'être bon à quelque chose. » (p. 29)

Mais le cauchemar recommence lorsqu'il est victime d'une nouvelle agression, on lui pique son portable, il n'ose pas résister. La peur l'envahit de nouveau, il ne dit rien à sa femme, il bout, prêt à exploser en toute circonstance : « Je redécouvre la paranoïa et son goût amer dans ma bouche. Ça me prend aux tripes, me ronge de l'intérieur. Chaque personne que je croise est un ennemi potentiel, le soldat d'un escadron qui me combattra jusqu'à son dernier souffle. Les gens me bousculent, me heurtent, me piétinent. Dans chaque couloir, chaque escalier, à chaque tournant, je m'attends au pire. En vigilance permanente, je me sens impitoyablement traqué. La peur me liquéfie. J'essaie à tout prix de devenir invisible. Et je me hais pour ça... »

Ambiance de crise économique et sociale, d'émeutes dans des quartiers agités - émeutes assorties des messages lancinants des medias et des politiques pour entretenir la peur, la suspicion, la haine, le racisme. Histoire d'un "faible" dans ce contexte, d'un "herbivore" : « Si on te demande, tu donnes. C'est mieux que de se faire taper dessus », c'est comme ça que sa maman l'a élevé.
« J'incarne à moi tout seul la classe moyenne soumise. Je suis un bouffon, coincé à vie en bas de la chaîne alimentaire urbaine. Et aujourd'hui, ceux qui ont hérité de la rancoeur de leurs aînés sont prêts à me passer sur le corps pour se tailler une part du gâteau »...

Album sombre, triste à pleurer. Quelques lueurs avec l'amour de ce père pour sa fille. Cela suffira-t-il à le sauver de sa dégringolade ?
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