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Critique de Meps


Une vieille maison, la neige, au premier plan une bicyclette d'enfant abandonnée au pied d'un poteau. L'illustration parfaite pour un roman de Stephen King, j'ai pensé, en le regardant. Il fallait que je choisisse un livre au hasard à la bibliothèque (foutus challenges tiens) alors je me suis dit que le hasard avait peut-être bien fait les choses. Il était une ville, un petit jeu de mot avec il était une fois, sympa.

J'aime les romans qui proposent une construction un peu originale. La démultiplication en plusieurs narrateurs n'est pas follement novatrice, mais la façon de le faire ici a quelques trouvailles. Un narrateur cadre, qui revient plus souvent, le "héros" principal, français débarqué à Detroit pour le travail, le parfait oeil extérieur pour découvrir le lieu et qui aura en plus l'avantage pour l'auteur d'avoir le même genre de références que son lecteur moyen, français. Des narrateurs secondaires variés, un gamin qui fugue, sa grand-mère qui le cherche, un policier qui s'interroge sur la disparition des gamins. Une barmaid qui offre ses lèvres comme fil rouge de l'histoire, au long de son rire sonore. Une temporalité fractionné, parce qu'on comprend petit à petit que les différentes narrations ne se passent pas tout à fait en même temps, et que ça crée du coup des suspenses pas rassurants du tout, qui nous laissent un temps imaginer le pire, et ne nous rassurent ensuite qu'à moitié. Bref, vraiment sympa à suivre, on ne s'ennuie pas.

On pourrait reprocher à l'auteur un peu trop de bienpensance dans le choix de ses héros, qui sont sans doute les 4 ou 5 personnes les plus gentilles de la ville, pas de vice caché sous l'armure. Mais c'est peut-être nécessaire quand on s'attelle à la visite d'une ville en décomposition, effondrée sous les coups de boutoir du capitalisme mondialiste des subprimes. On pourrait lui dire qu'à part les fuck disséminés à droite à gauche, ses héros pourraient parfaitement ressembler à des Français plutôt qu'à des américains, à part peut-être le policier, volontairement calqué sur les clichés du flic des films noirs américains. On pourrait, oui... mais on en a pas envie.

Parce que l'auteur a le sens de la formule (plongez-vous dans les différentes citations relevées, il y a de quoi faire) et que ses personnages très attachants sont aussi de beaux archétypes de leur époque et de leur monde. Parce que certaines envolées sont plutôt jolies même si le style n'est pas non plus révolutionnaire. Parce qu'on se laisse totalement embarquer dans toutes ces histoires et que le livre fait partie de ceux qu'on referme en soufflant un petit "au revoir" ému aux protagonistes, en leur souhaitant tout le meilleur possible dans ce monde à reconstruire. Parce qu'on ne peut s'empêcher d'entendre Eminem en bande son de ce petit tour à Détroit, d'autant que le petit garçon habite 8 Miles (les vrais sauront).

Bref, le hasard a bien fait les choses, on pensera à lui de temps en temps, il est parfois un aussi bon conseilleur de livre que certains prix littéraires... Ah ben tiens, prix des Libraires 2016, le bandeau n'était même pas présent sur l'édition de la médiathèque, il n'aura pas pu jouer son rôle d'attrape lecteur, le hasard était plus rapide !
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