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Citations sur Le passage (11)

Polynésie:
"Palabaud pensait que, pour tout nouvel arrivé, la Polynésie, malgré sa splendeur indescriptible, ne réserve que des déceptions auxquelles Alain Gerbault n'avait pas échappé. Dégouté de l'existence affolante de l'Europe, on débarque là-bas avec l'espoir de renaître à une autre vie de calme, d'équilibre et de beauté et dés les premier pas, se lève une odeur de mort et de désolation, désolation d'immenses et verts paysages indistincts, mort d'une race encore magnifique expirant dans l'hébétude et le silence."p. 47
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Celui qui meurt a perçu l'écoulement, le passage, l'effacement total du passé et, dans la lucidité prémonitoire du vide futur, n'a rien à demander à la philosophie ou à la religion; il quitte ce monde sans appréhension de ce qui va ou plus exactement de ce qui ne va pas survenir. A leur dernière heure, les grands croyants perdent leur foi, car la question religieuse est un passionnant débat à l'usage des vivants et non des moribonds. Et puis Dieu n'assiste pas à la fin des hommes; ceux qui l'invoquèrent toute une vie s'aperçoivent de cette absence et s'en plaignent amèrement: "Mon Dieu, mon Père, pourquoi m'avez-vous abandonné?" Mais Dieu se tait; il n'a pas de raison d'être à coté de ceux qui n'ont plus rien à apprendre ou à redouter: il n'était qu'une projection de l'angoisse des vivants.
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Qu'importait maintenant que sa dépouille se décomposât dans un cimetière de banlieue, loin des océans, que pas un humain ne se souciât de son souvenir ? Parce qu'il est mort, quelque chose manquera aux mers du Sud. Là-bas, en scrutant les soirs, on devinera une absence, un vide ou un passage. Et s'il existe une autre vie de châtiments et de félicités, il lui sera beaucoup pardonné parce qu'il a beaucoup aimé la mer.
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Savoir bien mourir est un don qui ne se révèle que le moment venu...
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"La connerie humaine, si évidente soit-elle, aimait-il à redire, ne se définit pas.
Ca m'a souvent fait réfléchir. Je pensais à tous ceux qui, à tort ou à raison, m'ont pris pour un con, et il y en a. Mais je pensais aussi à tel ou tel devant qui je ne peux m'empêcher de dire: "c'est un con". Je me demandais alors pourquoi Pierre ou Paul, à mon sens, étaient des cons et pourquoi se disaient-ils en me regardant: "Lucien est un con." Tout cela n'est pas facile à comprendre... Cependant, une chose ne se discute pas: un individu parfaitement immobile et silencieux est toujours moins con que celui qui remue et parle; la connerie humaine se définit et se mesure à l'agitation du monde."
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Un grand médecin:
"Cet homme exerçait la profession assez peu commune de grand médecin. On ne s'étonne pas qu'en notre siècle, à côté des miracles de Lourdes et des guérisseurs, le grand médecin, au fond très anachronique, survive encore et prospère. Tout juste parfois, éprouve-t-on quelque surprise en constatant chez lui si peu de science, de cette intelligence et des rares qualités attribuées à l'idéal disciple d'Esculape. C'est qu'en réalité son prestige tient plus de la superstition que de la science. Il est né à l'époque où la médecine encore informe, imprégnée de sorcellerie et de merveilleux, semblait appartenir à quelques hommes étonnamment doués, marqués par un génie mystérieux, qui furent les grands médecins de leur temps. Au siècle dernier, du progrès de la science naquit devant les foules émerveillées un autre surhomme: le grand savant. Le grand médecin ne perdit rien car la confusion se fit avec le nouveau venu. Depuis lors il est allé de succès en succès et la légende du docteur au diagnostic infaillible et dépassant ses confrères de cent coudées n'a cessé de s'enrichir. Il répond en réalité à un besoin de merveilleux et de miracle et, par là, l'héritier du thaumaturge et du sorcier est à l'encontre de la science. Cependant ce personnage anachronique n'est pas à condamner: il symbolise encore le côté divinatoire de son art; cette croyance est peut-être nécessaire au prestige de la médecine. Et bien qu'il ne puisse que confirmer l'avis des son confrère plus humble ou en partager les incertitudes, il reste par l'autorité de son oracle bienfaisant pour le malade."
pp. 187-188
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[...] l'homme qui "parle de la pluie et du beau temps" évoque la substance même de la poésie de l'Univers.
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Tyran libéral, au faîte d’une médiocrité dès longtemps triomphante, il dominait un monde aux couleurs de poussière où l’intelligence sanglote comme une captive humiliée.
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La porte une fois close, il est un instant cruel et redouté : spectateur impassible de la nudité d’autrui, le médecin doit se dévêtir à son tour et cet acte, plus encore que celui qui va suivre, l’épouvante et le rend maladroit ; mais la honte est bue, les gestes nécessaires sont accomplis ; et comme un vieux gymnaste aux jointures ankylosées, s’essayant maladroitement aux exercices de barre et de trapèze de sa jeunesse, le médecin se démène gauchement sur le divan d’un hôtel borgne.
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Vous avez un gros foie Palabaud !
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