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Critique de SBys


SBys
20 septembre 2019
Partie 1. Partie 2. Il est rare qu'un livre divisé en deux parties fonctionne si bien.

Première partie : l'histoire de la petite Sarah, enfant, jusqu'à l'âge adulte. Contrairement à ce qu'il était prescrit pour les petites filles des bourgades russes, Sarah veut aller à l'école, lire tous les livres de la terre. Son père, Ezekiel, mais surtout sa mère seront tiraillés entre le désir de leur enfant pour la connaissance dans les livres et celui qu'elle se plie et se fonde dans le moule que la société a défini. Avec les années, ces tiraillements finissent par gagner Sarah, non pas en raison des gens, mais parce que la vie n'épargne pas sa famille, et qu'elle se voit obligé de se mettre à la tâche, terminé les livres, il faut travailler pour subvenir à cette famille où le père est souvent parti pour le travail, des frères enrôlés dans l'armée, d'autres malades. Sarah, dévouée et ambitieuse, se plaira même dans ce rôle. À partir de la vingtaine, elle se lancera dans la fabrication de vêtements, machines à coudre, 6 ou 8 couturières à sa charge, Sarah parviendra à s'en sortir et même prospérer, même en temps difficiles. Tout cela ce passe au début du XXe siècle, dans différents petits villages russe, dans un milieu juif, très pratiquant. Prières et sermons et faire la morale, sans la faire, fait partie du lot. Les temps sont durs, Sarah fait comme plusieurs juifs persécutés, elle envisage d'aller en Amérique, puis y va. Elle s'y installe. La communauté juive new yorkaise est là, elle l'aide, Sarah entrepreneuse comme elle est, se débrouille bien, elle pourra même bientôt envoyer de l'argent à sa famille restée en Russie... et tralala, la success story, à l'américaine.

C'est première partie, pour tout dire, ne m'a pas tellement plu. La Russie profonde comme dans les âmes mortes, avec cette morale juive à toutes les 5 pages. J'attendais donc l'arrivée en Amérique avec beaucoup d'impatience, et même une fois là-bas, je n'étais pas tellement emballé.

Et commence la deuxième partie.

Avec Ezekiel. Pas le père, mais le fils de Sarah. Ezekiel est tout le contraire de sa mère, il est oisif, fait de longues ballades dans Manhattan sans réel but. Ce changement de point de vue amène un souffle nouveau qui fait du bien au récit et qui permet en même temps de porter un nouveau regard sur le parcours de Sarah. Peut-être importe l'énergie que l'on déploie pour contrôler les choses, certaines nous échappent, comme par exemple la conduite de nos enfants. On s'aperçoit entre les lignes que les parents de Ezekiel ne sont pas parvenus à ce qu'il aurait souhaité. Peut-être d'ailleurs que c'était l'optimiste de Sarah qui ne montrait que le beau côté des choses, pour Ezekiel, c'est le contraire. Il aime bien souffrir un peu. Ne pas manger, notre corps finit même par s'y habituer. On a faim, puis après, ça passe, même si on n'a pas mangé. Il a un peu de Knut Hamsun dans cette deuxième partie. Ezekiel ne souhaite pas écrire un livre, mais tient une librairie dans un sous-sol. Il part d'un local vide, sans gaz, ni étagères, avec des livres en consignes et parvient à rendre l'affaire rentable. On s'aperçoit qu'il tient malgré tout un peu de sa mère. Mais cette prospérité l'agace. Peut-être qu'il abandonnera tout, qui sait. C'est pour cette raison qu'il ne veut pas s'engager avec Mademoiselle Dauthendey, Jane, comme si espérer le bonheur était plus savoureux que de le vivre.
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