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Critique de Maldoror


Beau texte par lequel on se laisse ensorceler. Parce que l'on sent le narrateur habité par sa recherche, on voit l'engagement complet de son être dans sa démarche, la relative honnêteté de celle-ci, notamment traduite par le grand nombre d'interrogations posées au fil des pages qui laissent encore la place à d'autres questionnements et aux réponses personnelles du lecteur. Parce que l'objet de sa quête, à savoir la compréhension des séquelles qu'ont laissées les trois derniers conflits avec l'Allemagne sur nos deux peuples, l'entendement des mécanismes de la violence individuelle dans ces affrontements, et le sens de la responsabilité de chaque homme dans ceux-ci, est un vrai sujet. Parce que le style est fluide et agréable. Également parce que les références artistiques, principalement la peinture du Caravage, habillent les propos d'un réel esthétisme et leur donne véritablement le sens de l'universel nécessaire au sujet ; sans lesquels la lecture m'aurait été indigeste, voire impossible. En effet, la conduite de son exploration est à tout le moins surprenante, et même dérangeante sur plusieurs points. le premier est dans la prétention que la rencontre d'un français et d'un allemand, illusoire échantillon de ces nations, puisse dire quelque chose d'absolu sur le sujet ; or, l'ampleur de celui-ci ne peut pas s'accommoder d'une expérience si singulière. le deuxième point est l'importance voire la prépondérance que la sexualité joue dans cette approche. En effet, il m'est difficile de comprendre comment deux subjectivités tournées l'une vers l'autre dans une approche limitée à cette seule dimension puissent prétendre exprimer autres choses que des propos purement narcissiques et se situant dans l'instant. de ce fait, ne peut-on pas penser que la démarche est aussi un prétexte à ces expériences sexuelles et autres, ainsi qu'à leurs narrations ? Toutefois, si le livre ne se limitait qu'à celles-ci, l'ambition du sujet initial ne se réduirait qu'à la relation de l'expérience personnelle du narrateur et le livre ne serait alors qu'un roman autour de l'homosexualité. Or cette ambition est évidemment plus grande et double puisqu'il a également une dimension d'essai.
Ces éléments illustrent notamment que le livre est bâti sur un grand nombre d'ambivalences. Tout d'abord, celle du sous-titre, "fictions et réalité", annonce d'emblée la couleur. Celle du propos qui balance en permanence entre expériences individuelles et considérations générales. Celle du genre littéraire qui oscille entre récit et essai. Celle, ontologique, de l'homosexualité. Celle d'un discours sur les sujets de la violence et de la haine qui n'est pas exempt lui-même de violence et de haine. Celle du sujet qui fait cohabiter – sans y arriver véritablement – le singulier et l'universel…
La prégnance de ces ambivalences fait du livre une oeuvre complexe et ambiguë. Et au bout du compte, ces caractéristiques alliées à la dureté due au sujet et à son traitement font que le lecteur se trouve être pas mal malmené. Or, pour bien appréhender tout cela, il faut arriver à surpasser ces secousses. Je n'y suis pas assez arrivé.
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