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Critique de Syl



Avant de prendre la plume, Madame Riccoboni fut comédienne. Elle écrivit cette nouvelle et la fit éditer en 1758.

1714, le marquis de Cressy revint de la guerre d'Espagne avec le duc de Vendôme, auréolé de gloire et de fierté. Six années plus tard, il a vingt-huit ans et se présente à la cour. Ambitieux, il songe à accroître ses biens par le biais d'une union. Fin esprit, son charisme fascine les deux sexes. Tel un paon, de soie et de plumes, il séduit les femmes tout en affichant de l'indifférence. Appâter sans le montrer, il présente un leurre désirable et fascinant.

"L'apparence des vertus est bien plus séduisantes que les vertus mêmes, et celui qui feint de les avoir a bien de l'avantage sur celui qui les possède."

Sa séduction enchante deux femmes. La première, la comtesse de Raisel, est une veuve fortunée, encore jeune, belle, intelligente, charitable et généreuse. Malgré son âge et sa situation, elle est une personne pudique et timide dans ses élans. La deuxième, une enfant-femme, Adelaïde du Bugei, a la pétulance, l'insouciance et la naïveté de sesseize ans. L'une, sage et pondérée, reste secrète, l'autre, jeune lionne, manifeste son amour et se laisse courtiser, parfois en cachette de son père qui voit d'un mauvais oeil ce béguin.

"Vous dire de m'oublier ? Ah ! jamais ! on m'a forcé de l'écrire ; rien ne peut m'obliger à le penser ni à le désirer."

De promenade en promenade, de soirée en soirée, de billets doux aux mots cachés, le marquis de Cressy oublie quelques temps son arrivisme et se donne à cette romance. Car il lui plaît d'être aimé.Mais…
L'histoire rencontre deux autres personnes. La marquise d'Elmont, femme calculatrice, vaniteuse, jalouse et sournoise, qui ressemble à la marquise de Merteuil dans les "Liaisons dangereuses" De Laclos. Elle sonde les faiblesses, offre une oreille compatissante et se propose dans le rôle de confesseur pour mieux perdre le pénitent. Et une jeune orpheline, Hortense, qui est confiée à la garde et au dévouement de le comtesse de Raisel. Considérée et choyée comme une fille ou comme une soeur, elle remerciera la gentillesse de sa marraine, par la traitrise, la froideur et l'insensibilité de son coeur.

D'une pièce de Marivaux… Vous ! ici ?… Les scènes dégénèrent en farce, les fils s'emmêlent et les marionnettes succombent à la duplicité. La comédie engendre la tragédie.

Au seuil de sa vie, le marquis de Cressy se posera certainement les questions :
Pouvoir ou Amour ? Félicité ou concupiscence ?
Car, "Il fut grand, il fut distingué ; il obtint tous les titres, tous les honneurs qu'il avait désirés : il fut riche, il fut élevé ; mais il ne fut point heureux."

Ce livre est intéressant et l'écriture est fine. A travers cette histoire, la condition de la femme à cette époque est encore sombrement amenée. de mes trois lectures pour ce challenge, mes héroïnes sont enclines à l'autodestruction. La faiblesse d'Eve ?
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