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Critique de Dionysos89


À l'orée de cet été caniculaire de 2020, les éditions HSN ont fait monter la tension en proposant un roman volontairement promu comme « trash » et décalé : Carne, de Julia Richard.

Nouveau roman de zombies
Simon est un père de famille assez basique sauf qu'un soir, en allant promener son chien Wurst (prénom d'importance), il revient sans lui car une fois inextinguible l'a pris subitement et il l'a croqué ! de plus en plus, il sent monter en lui une irrépressible envie de manger de la chair vivante. Et ses proches sont tellement proches… Sa femme redevient désirable à ses yeux, mais plus sous le même angle ; son fils s'éloigne un brin car révulsé par l'apparition de ce nouveau phénomène ; par contre, il retrouve étrangement un lien avec sa fille étudiante. Comment gérer cette faim de chair humaine ? Progressivement, il tente de nous raconter son histoire et comment il a plongé dans un cercle vicieux, d'autant qu'il se rend compte que d'autres personnes sont dans le même cas que lui. Or, il y a de quoi perdre un peu la tête à être autant obnubilé par avaler l'hémoglobine, et si ce n'est pas lui, ses congénères rencontrés ça et là n'ont pas forcément ses scrupules. Pour autant, tous sont encore des humains, et bien vivants…

Croquer les pages à pleines dents
À l'image de l'intrigue, le style aussi a du mordant. Déjà, l'emballage est à l'avenant : un Nutriscore transformé pour l'occasion en « Miam-score », une illustration arborant fièrement une barquette de viande humaine sur une couverture sanguinolente et quelques autres détails amenant quelques sourires malintentionnés. L'autrice mise clairement sur un humour très grinçant et particulièrement efficace, au prix de scènes parfois dégoulinantes. Au vu de l'enchaînement des chapitres et du style appliqué à certains d'entre eux, il est évident que le narrateur déraille progressivement : il ne sait plus trop comment s'enchaînent les événements, il réécrit parfois sa propre histoire et il pète régulièrement des câbles à force d'être tiraillé par la faim en présence de ses proches. En un mot comme en cent, on n'oublie pas le style de cette lecture.

Pour aller plus loin
Les romans de zombies sont toujours plus que des romans de zombies. Carne ne manque pas à la règle et propose des thèmes sociaux assez forts, comme le fait de devoir incorporer d'un seul coup une partie de la population qui se révèle dangereuse pour les autres. L'autrice a volontairement cherché à confronter son antihéros à une société qui, évidemment, ne le comprend pas mais qui n'est pas non plus au bord de l'extinction comme dans les romans de zombies habituels. Ici, tout perdure presque calmement ; il y a des massacres qui commencent à monter bien sûr, mais ce n'est pas l'hécatombe, c'est une pandémie qui monte progressivement mais ne s'étend pas à l'infini. Là-dessus tout de même, se dressent des us et coutumes bien commodes pour canaliser certains caractères… comme l'usage de la « télé-réalité », qui n'a de réalité que le nom et qui, ici, sert d'exutoire aux pulsions des plus acharnés des anti-« zombies ».

Carne est donc un roman « coup de poing », ou plutôt « coup de dents » en l'occurrence, qui sait faire suffisamment varier le thème des zombies pour créer un nouvel engouement, et ce avec un style qu'on n'oublie pas. À découvrir !
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