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Critique de LesMotsMagiques


𝙊𝙣 𝙨𝙚 𝙗𝙧𝙞𝙨𝙚, 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙤𝙣 𝙣𝙚 𝙥𝙡𝙞𝙚 𝙥𝙖𝙨.

Dana est une jeune femme issue d'un milieu modeste. Lorsqu'elle rencontre Basil Paternoster pendant une soirée alcoolisée, elle ne réalise pas à quel point sa vie est sur le point de changer…

On ne va pas se mentir, j'ai beau avoir adoré Carne, le précédent roman de l'autrice, je n'étais pas franchement serein avant de commencer celui-ci. Il faut dire que ce titre sort pas mal de ma zone de confort et j'avais vraiment peur de ne pas du tout adhérer… Je me suis clairement inquiété pour rien !

En lisant les premiers chapitres, on a presque l'impression de lire le début d'une romance feel-good : la jeune femme qui sort d'une rupture difficile et tombe par hasard sur l'homme qui va changer sa vie. Beau, riche, intelligent, il semble vraiment avoir tout pour plaire.

Par le biais d'une double temporalité, on va à la fois suivre la rencontre de Dana avec ses beaux-parents, ainsi que quelques épisodes clés de leur relation qui vont les mener à cette rencontre avec sa belle-famille. Et le roman va très vite perdre son côté feel-good.

L'éditeur présente ce roman comme un texte révoltant et profondément féministe et les termes ne sont clairement pas galvaudés. Parce que oui, j'ai été révolté pendant ma lecture. C'est assez compliqué d'en parler sans trop en dire mais l'autrice parvient avec beaucoup d'efficacité à dénoncer tout un tas de choses, comme la pression exercée par la société sur les femmes concernant leur rapport au corps, la réussite professionnelle et sentimentale, ou même la maternité.

L'autrice dénonce aussi la toxicité de certaines relations abusives, sans forcément parler de violences physiques et sexuelles. Tout est très psychologique ici, et la violence est (aussi) très souvent auto-infligée. Aussi forte que soit Dana, une vie entière de conditionnement la pousse à accepter l'inacceptable, à excuser l'inexcusable…

C'est parfois compliqué, en tant qu'homme, de comprendre certaines réactions de Dana, et je pense que c'est d'autant plus important pour nous de lire ce roman. En théorie, on sait tous à quel point l'injustice est présente dans la vie des femmes mais c'est aussi très facile à oublier quand on ne le vit pas de l'intérieur. Ce roman est là pour nous le rappeler.

Le féminisme est donc l'une des thématiques majeures du roman mais l'autrice parle aussi d'autres sujets forts. Ceci étant dit, je préfère ne pas trop en révéler non plus puisque le but ici n'est évidemment pas de tout vous spoiler.

Et pour celles et ceux qui, comme je l'étais, pourraient être inquiets du positionnement de ce roman avec le nouveau label Ir-réel, à la frontière entre la littérature contemporaine et la littérature de l'imaginaire, soyez rassurés : ce roman a toute sa place dans une maison d'édition spécialisée dans l'imaginaire. le twist qui justifie ça arrive assez tardivement mais il est très efficace et rend le roman et son message d'autant plus glaçants.

Julia Richard fait très fort avec ce nouveau titre. A des années lumières de Carne, Paternoster parvient malgré tout à nous choquer et à nous faire réfléchir, d'une manière bien différente mais tout aussi efficace.
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