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Critique de bgbg


Jubilatoire, savoureux et néanmoins lucide et de portée large, ce roman des années 1940-50 d'un écrivain canadien peu connu en Europe, est une illustration forte de ce qu'une ambition démesurée peut amener à commettre.
Duddy (David) Kravitz est au début un lycéen, orphelin de mère, élevé par son père chauffeur de taxi, avec un frère aîné, Lenny, étudiant en médecine, dont la formation est prise en charge par son oncle Benjy. La famille vit à Montréal dans un quartier déshérité. Dans ce lycée majoritairement fréquenté par des adolescents juifs, Duddy fait de son professeur d'histoire son bouc émissaire, défiant son autorité et sa personne jusque dans sa vie privée. Monsieur McPherson sombre en dépression, son épouse meurt suite à une intervention de Duddy. Ça commence dur !
Au sortir de ses études, Duddy trouve un travail comme serveur dans un hôtel à Sainte Agathe, fait de Irwin Shubert un ennemi intime, lequel parvient à le dépouiller de ses économies par une roulette truquée. Duddy sort avec Yvette, employée de l'hôtel d'origine modeste, et ensemble, ils découvrent un site autour d'un lac, que Duddy songe acquérir pour en faire un complexe balnéaire de forte rentabilité.
Dès lors, son ambition est toute entière tendue vers cet objectif : trouver le financement nécessaire pour acheter ces terres. Après avoir créer une société de production de films de Bar-Mitsva et de noces, en liaison avec un certain Friar, réalisateur chassé de Hollywood pour sympathies communistes, il se retrouve seul quand Friar abandonne après avoir tenté de séduire Yvette. Duddy se tourne vers celui que l'on nomme le Prodige dans la communauté juive, dont la fortune relève de profits engendrés par des boîtes de nuit et des jeux de hasard. Celui-ci utilise Duddy pour passer à son insu de l'héroïne des US vers Montréal. Aux USA, Duddy rencontre Virgil qui vend des flippers, lui propose de les faire passer au Canada pour les revendre, puis l'embauche comme projectionniste itinérant. Mais Virgil qui est épileptique, a un accident dont il sort paraplégique. Diddy se sent responsable, sombre dans une dépression qui aboutira à la faillite de son entreprise. Un autre évènement se conjugue avec cette culpabilité : la mort de l'oncle Benjy qui souffrait d'un cancer de l'estomac. Duddy avait eu un comportement odieux avec lui peu avant sa mort. Yvette, dont la relation avec Duddy est tumultueuse, se prend de compassion pour Virgil et s'attache à lui.
Duddy, qui a pu acheter quelques terrains autour du lac, doit trouver de l'argent pour acheter les autres. Ses démarches auprès de divers protagonistes n'aboutissent pas et, pressé car le Prodige est intéressé par les terrains à vendre, il falsifie un chèque de Virgil, lui volant ainsi ses économies.
Ce geste frauduleux irréparable le met au ban de ses proches, notamment son grand-père adoré, Yvette et Virgil. Il est néanmoins arrivé à ses fins.
Le personnage de Duddy est surprenant, sympathique pour sa ténacité, antipathique pour son mépris de l'autre. Tout entier tourné vers son son but, trépidant dans son activité, s'aidant parfois de psychotropes, délaissant tous ceux qui pouvaient entraver ses ambitions ou ne pas satisfaire à ses demandes, souvent d'une extrême brutalité dans son expression, sarcastique, moqueur, égoïste à l'extrême, humiliant, voire mortifiant.
Ce roman, presque tout en dialogues vifs, acides, piquants, révèle une critique féroce de l'arrivisme, de l'argent, et une appréhension plutôt pessimiste de l'amitié et de l'amour.
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