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Critique de LenaBubi


Tout d'abord, un grand merci aux éditions Acte Sud Junior et à Joanne Richoux pour m'avoir permis de découvrir son nouveau cocktail d'encre et de papier explosif ! Encore une fois, elle nous offre une histoire ingénieuse aux phrases ravageuses qui rentrent sans frapper à la porte de notre coeur : irruption fracassante, les battements s'accélèrent, tout devient plus tangible, notre perception s'aiguise ; bien plus que de l'oxygène, c'est un souffle de vie qu'elle nous transmet !

Première histoire que je découvre de la collection D'une seule voix et la déception n'a pas eu besoin de sortir de ses ténèbres ; après peut-être ne suis-je plus tout à fait censée lorsqu'on parle de Dame Richoux et de ses histoires qui remuent…

T'as vrillé, c'est le récit de Danaël, ce personnage qui a l'encre pour chair, les mots pour esprit, notre imagination pour lieu de vie. Il nous raconte son amour pour Florine qui est né sur une chanson de Nirvana, un jour de colle, chacun un écouteur vissé à une oreille différente, mais relié par un même fil. Florine au look gothique qui détonne tel un obus dans le lycée, puis sur la planète Danaël. Ce dernier va l'aimer au-dessus et en-dessous de tout, jusqu'à l'obsession, en refusant de croire que ses sentiments ne soient pas partagés, que ce qu'ils sont, que ce qu'ils ont vécu, que ce qu'ils vivent avec Florine ne peut relever d'une simple balade, de l'activité hebdomadaire du dimanche après-midi pour tromper l'ennui.

Un texte court mais pas des moins marquants au cours duquel de nombreux thèmes se télescopent ou se succèdent (souligner pour ne pas être spoilé) :

Une écriture à la fois poétique, crue et incisive, qui nous plonge directement au côté d'un adolescent tombant pour la première fois dans la marmite de l'amour jusqu'à s'en enivrer d'effluves toxiques. On comprend ce qu'il vit, ses émotions et ses sentiments, mais cela n'empêche pas le frisson intense qui nous parcourt, ce cri muet – NON – IMPOSSIBLE - lorsqu'on réalise, ou pas, jusqu'où est prêt, va Danaël…

Avant que ces mots surgissent et qu'un ordre s'installe de manière douillette ou du moins à peu près stable, le besoin de relire T'as vrillé a fait son nid dans les poumons ; d'où sort cette punaise de difficulté pour reprendre sa respiration (qui fait des caprices depuis la rencontre avec la plume de Dame Richoux) ?!
Première lecture qui se dégomme, emportée par un tourbillon de mots, de sensations et d'émotions. Deuxième lecture plus posée, mais cela n'empêche point la collision, la redécouverte du texte et de ses phrases qui font cogiter, qui restent dans la tranchée…

Un style qui remplace le cinéma : les scènes s'invitent dans notre tête, les images chevauchent les phrases, mieux qu'une séance 4D de garantie. La pluie s'entendait par les gouttes toquant à la fenêtre, l'odeur de paille et de verdure donnaient envie d'atchoumer, ce qui aurait pu faire peur, déguerpir ou envoler cette mélasse de grisaille agrippée au ciel de Danaël… Envie de se noyer de ces odeurs… d'éprouver… d'entendre… de sentir… de goûter… Mais pas besoin de voir car l'histoire se déroule déjà devant nos yeux, comme si elle arrivait à se brancher à notre imaginaire : canal neurones.

Mots qui empoignent directement le coeur.
Apnée.
Touché - Coulé.
Coeur harponné, coeur compressé.
Gorgé nouée.
Frisson - celui qui part de la nuque pour aller se loger aux confins des orteils.

Une écriture qui rassasie - en même temps, on en demande encore et encore. Une plume oxygène. Comment je vivais, il y a une heure, il y a quelques minutes, avant d'avoir découvert ces lignes, ces phrases de vie qui martèlent mes tempes ? On relit on relit on relit pour graver graver graver tous ces mots si bien ordonnés, qui font mouche, qui font comprendre la définition même de « sens ».

Magnifique : à chaque relecture, impression de découvrir ce qu'il se joue pour la première fois, un nouveau sens apparait, des émotions rejaillissent tandis que d'autres poussent leur premier cri. Rien de plus fabuleux. Comme un éclair dans la nuit qu'on aimerait capturer. Insaisissable.

Merci Joanne d'écrire, de partager tout ça avec nous, d'être toi
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