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Critique de Bibalice


Jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour poursuivre un rêve ? Seriez-vous prêt à tout abandonner ?
Mais est-ce vraiment un rêve s'il implique de tout perdre ? N'est-ce pas plutôt une mortelle obsession ?

Dans le roman de Tanis Rideout, il est question de cela, d'un rêve qui envahit tout l'espace mental d'un homme. Cet homme a existé. C'est George Mallory, un alpiniste britannique qui avait un rêve, celui de conquérir le territoire encore vierge de l'Himalaya, cet espace « que personne n'a encore cartographié ».
Le titre même de l'édition poche du roman chez Milady (« L'homme qui voulait toucher le ciel ») laisse percevoir le drame, l'impossibilité de la tâche. On ne peut s'approprier ainsi le ciel sans y laisser une partie de soi. le roman raconte l'ultime expédition de George Mallory, sa dernière tentative pour être le premier homme à gravir le sommet de l'Everest.

George Mallory avait une femme et des enfants. Partir pour de longues expéditions pour cartographier l'Everest implique naturellement de s'absenter de longs mois, de transformer chaque « au revoir » en possibles adieux. Ses enfants ont ainsi du mal à se souvenir de lui. Sa femme, qui le soutenait de longues années durant ne souhaite plus qu'il parte, qu'il s'absente aussi longtemps pour de si dangereuses expéditions où il risque sa vie à chaque souffle. Ses enfants ont besoin d'un père, elle a besoin d'un mari, d'un homme à ses côtés. George avait promis qu'il ne tenterait plus le diable. Mais l'idée trottait tout de même dans sa tête. Un comité fait appel à lui, à ses connaissances. Une expédition se prépare. Il a dit oui sans consulter sa femme. Il a ce rêve, cette obsession. Ni femme, ni enfants ne peuvent rivaliser avec cela. Il y pense soir et matin, nuit et jour. Il pourrait être le premier homme à toucher le ciel, fouler un sol que jamais aucun humain n'a foulé avant lui. Il devient vieux, c'est sa dernière chance avant que d'autres ne tentent la leur.
Une partie du roman raconte cette nouvelle expédition, ses préparatifs, l'escalade, les tensions entre les hommes, les motivations de chacun, les faiblesses des corps, le froid qui les rongent, le sommet qui se rapproche mais qui semble toujours plus inaccessible.

L'auteur propose également un autre point de vue, celui de la femme restée à la maison, sa longue attente, ses pensées amères envers son mari absent, sa vie quotidienne. C'est un récit raconté cette fois-ci à la première personne. Il permet de se rendre compte de ce que cela fait d'être la femme d'un homme qui a une telle obsession. Qui est-t-elle dans son grand schéma ? Quelle place a-t-elle dans cette relation ?

On dit souvent que l'on part pour mieux revenir. On quitte un pays, une région, une ville pour mieux penser à elle, pour mieux la retrouver à son retour. Peut-être est-ce vrai aussi des femmes que l'on quitte. de la vallée jusqu'aux plus hauts sommets de son expédition, George ne cesse de penser à sa femme. Pourtant, jamais il ne regrette d'être parti. Il est parti c'est tout. Ce n'est pas une question de destin même si lui espère bien graver le sien, inscrire son nom dans l'histoire. L'expédition se passe de plus en plus mal mais lui n'abandonne jamais. Des gens meurent autour de lui, les accidents s'accumulent. Mais s'il s'arrête, s'il rebrousse chemin avant d'atteindre le sommet, a quoi tout cela aurait-il donc servi ?

Elle, de son côté, ne cesse de le juger, de lui reprocher d'être parti mais elle n'y peut rien. On ne peut rien faire contre de tels rêves. La vie quotidienne semble à côté bien dérisoire.

Il y a d'autres choses dans ce roman comme il y a de nombreuses façons de juger de ces obsessions qui vous rongent, de juger cet homme. Pourriez-vous partir, tout quitter pour tenter de réaliser votre rêve ? Et si c'était celui d'un de vos proches, comment réagiriez-vous ? Seriez-vous prêt à tout accepter ? de toute façon, auriez-vous le choix ?
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