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3,74

sur 159 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce prix Femina 2001 du roman étranger est un livre splendide toute en "nuance intelligence et de surprises », comme le dit son compatriote Collun Mac Nan au verso du livre.
Dans le décor d'une Irlande grise et pluvieuse, ce roman raconte l'histoire de Grace Quinn, une femme qui, ne supportant plus son mari alcoolique et de plus en plus violent, l'écrase avec sa voiture à l'endroit où lui-même, un soir de beuverie, avait tué une jeune fille. Grace pense ainsi mettre fin à une existence faite de peur, de silence, de solitude dans laquelle seul l'amour qu'elle voue à son fils Martin, chassé par son père quand il lui a avoué son homosexualité, met un peu de douceur. Elle camoufle les traces de « l'accident » sur la voiture et dès la fin de l'enterrement, elle abandonne la ferme et part habiter chez son fils Martin à Dublin. Mais Grace ne peut oublier ce qu'elle a fait et éprouve le besoin d'avouer son crime, tout en redoutant les conséquences... « Je l'ai fait parce que je voulais me libérer de lui, et maintenant je suis liée à lui plus indissolublement que je ne l'avais jamais été. » (p. 326) le roman se passe en 1992 et en arrière-plan de l'histoire de Grace, apparaît celle - véridique, précise l'auteur dans une postface - d'une jeune fille de quatorze ans, enceinte à la suite d'un viol, et à qui la justice refuse de quitter l'Irlande pour se faire avorter.
Keith Ridway reprend en effet une affaire qui a secoué l'Irlande au début des années 90 : l'affaire X. X, jeune fille de 14 ans, a été violée et est enceinte. La Constitution lui interdit de quitter le pays pour se faire avorter!
Keith Ridgway met ainsi en scène des thèmes tabous dans la société irlandaise des années 90 : avortement, homosexualité, femmes battues.
C'est un très beau portrait de femme, une femme touchante, compréhensive, restant toujours digne.
L'auteur parvient à nous faire ressentir toute la complexité des relations entre Grace et Martin.
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Grace est une femme seule, terriblement seule depuis le décès de son petit garçon et le départ de son autre fils. Elle subit en silence la violence de son mari qui la tient pour responsable et n'a ni famille ni amis auprès de qui trouver du réconfort . Dans le petit village perdu au fin fond du Monaghan où elle habite, son couple est frappé d'ostracisme depuis son arrivée. Dans cette campagne irlandaise ceux qui viennent d'Angleterre sont considérés comme des étrangers, voire des ennemis Que son époux ait tué accidentellement une jeune fille n'a pas arrangé pas la situation.
Après trente deux ans de mariage, lasse de subir les humiliations et les coups de son époux, elle décide subitement de s'en débarrasser. Elle passe à l'acte sans être inquiétée et aussitôt l'ivrogne mis en terre part rejoindre Martin, son fils installé à Dublin. Elle espère se rapprocher de lui mais ses attentes resteront vaines. Mère et fils sont dans l'incommunication totale.
Lui ne supporte pas l'intrusion maternelle dans sa sphère privée. Il a l'impression qu'elle le tire en arrière, le ramène vers un passé qu'il veut oublier et la fuit. «Il pensait qu'elle pouvait le tuer si elle le voulait. Lui rappeler d'où il venait. Délacer sa vie et s'en débarrasser d'une secousse, comme on fait d'un soulier. L'anéantir.» Elle, s' ennuie et ne sait pas quoi faire. Elle erre dans la ville froide et pluvieuse et laisse les souvenirs affluer.Seul le pub offre chaleur et réconfort mais elle y est poursuivie par un inspecteur de police et un journaliste trop curieux . Quand elle croit voir et entendre le fantôme du défunt Grace sent sa raison vaciller...Cette femme très secrète se retrouve cernée par les soupçons des autres et sa propre culpabilité. Va-t-elle être démasquée sans pouvoir jouir de sa toute nouvelle liberté ?
Un climat d'angoisse s'installe et on retient son souffle... Ce roman n'est pas un thriller mais il y règne une atmosphère glauque et oppressante digne d'un roman noir qui étreint le coeur du lecteur. La violence des sentiments plane, elle n'est que suggérée car rien n'est dit ouvertement. Elle ne s'exprime que par la bouche des clochards croisés dans la rue qui crachent leur haine sans retenue, contrastant fortement avec l'impossibilité qu'ont la mère et le fils à s''exprimer.
Grace et Martin sont des personnages complexes, à la fois attachants et repoussants, souffrant tous les deux de la même douleur mais ne pouvant pas se retrouver dans un lien affectif rompu depuis trop longtemps.
J'ai trouvé ce roman passionnant et magnifiquement bien écrit.
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Très beau livre qui explore la violence conjugale et les rapports d'une mère ( femme soumise , battue par son mari ) et son fils homosexuel.
Au cinéma actuellement ( printemps 2011 ) une transposition originale du roman ' Où va la nuit ' avec la talentueuse Yolande Moreau , un film belge donc.
J'avais adoré ce roman qui décrit si bien l'Irlande mais la transposition à Bruxelles n'est pas mal du tout.
A CONSEILLER !
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Grace, épouse d'un ivrogne irlandais, ne cesse de payer « sa faute », la mort accidentelle de son fils ainé Sean, noyé dans un ruisseau un soir alors qu'elle rentrait son linge sec. Elle paie le prix fort : battue par son ivrogne de mari qui redoublera de violence après le départ du second fils Martin. Il avait osé avouer à ses parents son homosexualité. Puis ce même mari tue une petite fille alors qu'il conduisait ivre mort. A son retour de prison, les coups ne cessent de pleuvoir et, un soir par comme les autres, Grace passe à l'acte. Elle prend la voiture et va à la rencontre de ce monstre, qu'elle trouve en train de prier à l'endroit de l'accident et…. Va le tuer en lui roulant dessus. Après l'enterrement, elle se réfugie à Dublin chez Martin qui vit en couple avec Henry.

Pour Grace la mauvaise pente a commencé par son mariage contracté en opposition à son père. La vie ne lui a rien épargné, elle a tout enduré, tout endossé jusqu'à l'explosion fatale. Elle pensait se défaire de son ivrogne de mari en le tuant et c'est le contraire qui est arrivé.

Dans un Dublin pluvieux et froid, nous assistons au face à face souvent laborieux, sans parole entre la mère et le fils. Grace, toute engluée dans sa culpabilité car, enfin, elle a tué ! ne peut parler à ce fils tendrement aimé, chassé de la maison par son père, empêtré dans une jalousie malsaine. Ils se frôlent, mais ne peuvent se toucher, se retrouver. Sean, un ami de Martin, jouera un rôle important car Grace lui racontera le meurtre et, incapable de se taire, il transmettra ce lourd secret à Martin. Alors là, se passe une chose inouïe : il ne peut accepter le meurtre de son père, lui qui l'a tant haï, et sa haine se retournera contre sa mère. Il ira jusqu'au bout de cette « folie » en avertissant la police.

Le seul moment de douceur de ce livre est l'arrivée de Grace dans une pension de famille où elle va poser sa valise et essayer de se retrouver. L'imposante Mrs Talbot saura lui donner un peu d'humanité et son amitié.


Grace, tout comme X, jeune fille de 14 ans violée à qui la justice refuse le droit de se faire avorter, sont les victimes et, en même temps, le symbole d'une Irlande qui essaie de se libérer du joug de la religion.

C'est un très beau roman aussi lourd que les manteaux mouillés par la pluie de Dublin, très prenant que l'on ne peut lâcher. Cette atmosphère pesante ira jusqu'à la double chute de Grace.

Un très beau prix Femina étranger

Par sa profondeur, je le déclare coup de coeur
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Une belle histoire de femme très émouvante. Grace vit en Irlande dans les années 90, au fin fond du pays. Elle a épousé son mari contre l'avis de ses parents car celui-ci est Irlandais, elle quitte l'Angleterre pour une ferme perdue au milieu de nulle part. Elle perdra un enfant, son mari lui reprochera ce décès, son manque de vigilance. le mari se mettra à boire et à battre Grace, il sera responsable de la mort d'une jeune fille qu'il renverse avec sa voiture. A partir de là, Grace ne le supporte plus et décide de passer à l'acte, elle l'écrase avec son véhicule et le tue. Elle veut reprendre sa vie en main et part rejoindre son autre fils à Dublin, peu à peu elle finira par avouer son crime et son fils malgré la haine qu'il portait à son père va dénoncer sa mère. A vous de découvrir la suite, va-t-elle réussir à fuir ou au contraire va-t-elle assumer son acte ?. Un très bon livre. Un bon moment de lecture malgré une ambiance pesante. Un pays pris entre la tradition et la modernité. Ce roman est une fiction, mais les faits relatifs à l'affaire X…sont bien réels. Une jeune fille de 14 ans enceinte après un viol voulait aller en Angleterre se faire avorter, mais celui-ci étant interdit en Irlande, l'autorisation lui avait été refusée de quitter le pays. Il s'en suivit de nombreuses manifestations tant en Irlande qu'à l'étranger, un jugement fut rendu autorisant l'avortement dans certaines circonstances bien précises. Nena
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C'est un roman lent, dans lequel le récit de la chute d'une femme prend son temps. Pour qu'on puisse mieux l'accompagner, cette femme, et la comprendre. J'aurais pu utiliser l'expression « descente en enfer », mais je ne crois pas qu'elle convienne : l'enfer, elle le connaît déjà quand s'ouvre le roman, et il n'est pas certain qu'elle y accède à la toute fin...
Le titre original, « The long Falling », est d'ailleurs plus représentatif de l'histoire et de la narration que sa traduction française.


Cette lenteur du récit, les longs monologues intérieurs, les répétitions sont nécessaires parce qu'ils servent la justesse et la profondeur psychologiques des personnages. Des personnages...

Les premiers chapitres sont consacrés à Grace, isolée dans la campagne irlandaise. Seule malgré et à cause de la présence de son mari, à cause du crime qu'il a commis et qui les met à l'écart de la communauté, seule à cause surtout de ce qu'il est.
Réellement seule enfin quand elle se décide à partir, après avoir rendu la monnaie de sa pièce, à la fois soulagée et accablée par l'impossibilité de revenir en arrière...

Elle s'en va rejoindre le seul fils qu'il lui reste et découvre Dublin, sa pluie continuelle, ses nuages lourds et noirs, le froid qui sans cesse la pénètre, la ville, la foule, les voitures, les mendiants qui l'insultent... Et son fils.


Commencent alors l'alternance des points de vue, d'un chapitre à l'autre, toujours celui de Grace, puis celui du fils, de ses amis même, après qu'ils aient rencontré sa mère, cette femme qui paraît si fragile et imprévisible. C'est qu'elle porte en elle un fardeau, un secret, et la peur encombre tout son être, elle ne fait plus qu'une avec elle : elle se croit, est peut-être une femme traquée...



Ce premier roman de l'irlandais Keith Ridgway, paru à l'époque chez Phébus, a reçu le prix Femina/Etranger en 2001. Il vient de sortir en poche chez 10/18.



Deux autres romans de Keith Ridgway, « Puzzle » et « Animals », ont été salués par la critique. Ce jeune homme est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs auteurs irlandais contemporains.
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Si la verte Irlande suggérée par l'illustration de couverture s'oppose à l'atmosphère sombre qui imprègne tout le roman, en revanche l'impression d'isolement et de solitude qui se dégage de la photo des vertes prairies est bien à l'image de la vie du personnage principal : Grace.

Grace, comme en exil en Irlande, ayant coupé les ponts avec sa famille anglaise pour suivre Michael Quinn, « elle avait toujours été l'étrangère, l'Anglaise, une Anglaise assez cinglée pour être venue s'installer ici ».
Grace qui a vu disparaître son jeune fils Sean à cause d'une minute d'inattention, dont la vie conjugale a été brisée, devenue victime des coups par lesquels son époux alcoolique voulait lui faire expier ce qu'il considérait comme un crime,
Grace seule, sans protection ni possibilité de confidence après la fuite de son fils Martin à Dublin, seule face à l'unique solution pour échapper à son calvaire et seule enfin à Dublin face à Martin, un Martin devenu un étranger, plus affecté par l'absence de son ami Henry que par le sort de sa mère.
Grace, murée dans son silence, « elle sentait que toutes ces choses, ces séparations, étaient survenues parce qu'elle avait laissé ce silence gris s'installer sur elle, qu'elle avait tout fait pour le retenir, parce qu'elle le respirait, qu'elle l'avait accueilli en elle et ne connaissait rien d'autre »
Grace, qui « s'était retirée du monde », enfermée dans le secret qui la hante «je voulais le cracher, je l'ai avalé"

Les seuls personnages aux yeux desquels elle existe et avec lesquels elle prend plaisir à échanger sont Sean, le journaliste roublard et inquiétant (mais son intérêt est dicté par l'envie de tirer un scoop de leurs conversations), puis Brady l' enquêteur « les sentiments qu'il éprouvait pour Grace étaient ceux d'un père, d'un frère ou d'un frère aimant » (mais c'est un policier qui doit passer outre ses sentiments personnels), Philip, l'ami de Martin (mais on ne sait quels motifs poussent cet homme jeune à s'interesser à elle, une femme si différente), et Ida, sa logeuse ( mais on se demande aussi si la sollicitude qu'elle lui témoigne ne prend pas sa source dans la chance que Grace, seule pensionnaire féminine parmi de nombreux hommes, lui offre de satisfaire son habitude du bavardage ).
Ce sont ces deux derniers personnages qui l'entoureront lors de la dernière scène, s'inquiéteront de son état, lui donneront le bras pour défiler alors que son fils Martin sera en dehors du cortège des manifestants, la repérant de loin, puis détournant son regard et s'éloignant en silence.

Un roman d'une portée universelle sur la chute progressive de l'individu dans la solitude par l'effacement du regard des autres, par la perte des liens familiaux mais qui s'inscrit dans une société contemporaine où l'homosexualité commence à trouver sa place dans la vie urbaine, dans l'actualité irlandaise secouée en 1992 par l'affaire de l'adolescente X***, violée et enceinte et par l'interdiction qui lui avait été faite de quitter le sol irlandais pour aller se faire avorter en Angleterre .

Se rejoignent dans le dénouement le destin de trois femmes victimes de la « machine à broyer » : Grace, arrêtée par la police, et la jeune fille morte dans l'accident de voiture causé par son mari , dont le visage se superpose dans l'esprit de Grace à celui de X***, broyée par un système de lois archaïque .

Un roman sans effets pathétiques d'où le bonheur est absent, d'une noirceur lancinante, sur un monde où les êtres semblent s'effacer dans la grisaille.
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Irlande, début des années 1990, Grace Quinn ne supporte plus son mari, un homme violent et alcoolique. Quelques années auparavant, son mari a renversé et tué une jeune fille au volant de sa voiture alors qu'il était ivre. Depuis il s'adonne encore plus à la boisson. Grace n'en peut plus de cette vie. Un soir, elle prend les clefs de la voiture et le voit sur la route. Elle accélère sans remords et le tue. Elle ne dit rien à la police, maquille les preuves et décide de partir à Dublin chez son fils Martin. Partir pour recommencer une nouvelle vie, mais est ce possible ?
Je voulais lire un portait de femme qui me marque et découvrir un nouvel auteur. Mes voeux ont été exaucés avec ce livre ! Oui, j'ai été comblée ! Déjà, il y a l'histoire principale. Cette femme qui décide sur un coup de tête d'en finir. Grace n'a rien prémédité. Elle est juste au bout du rouleau. Elle tue son mari qui la bat et qui boit. Quand son fils Martin vient pour l'enterrement, elle décide de partir avec lui à Dublin. Pleine d'illusions, Grace croit que Martin sera content qu'elle quitte la campagne pour la ville. Au début, elle n'éprouve pas de remords mais petit à petit, la culpabilité la gagne. Elle sait que si elle se confie à quiconque, elle sera arrêtée. Elle tente se rapprocher de Martin et de lui parler. En vain. Ce poids sur la conscience l'empêche d'être heureuse. Et l'ombre d'une arrestation est toujours possible si la police enquête. Grace rencontrera des personnes prêtes à l'écouter. On suit le parcours de Grace et on ressent l'envie de Grace de parler, de se confier. Je me suis prise de sympathie pour elle malgré son acte. Même si elle semble fragile, c'est une femme déterminée qui ira au bout de son chemin. Sans raconter tout le livre, la réaction de son fils sera surprenante et inattendue. En toile de fond, il y a l'Irlande et ses lois avec une autre histoire inspirée d'un fait réel. Celle d'une jeune fille de 14 ans qui été violée et qui est enceinte de son agresseur. La loi Irlandaise l'interdit de se faire avorter. L'opinion publique prend part à ce débat et se mobilise.

Un portait de femme d'une richesse étonnante, très bien décrit et desservi par une belle écriture. Que du bonheur…
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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un superbe roman qui pose frontalement le grave problème des femmes battues, du combat pour le froit à l'avortement dans le société irlandaise.
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