Le 1er novembre 1879, « Carlisle Indian School » ouvrit ses portes à 136 élèves. Ces adolescents, filles et garçons furent tout aussitôt lavés, peignés (cheveux coupés), désinfectés, fichés, classés, étiquetés et enrégimentés sous un strict uniforme. Auparavant, et la méthode devint rituelle, les arrivants de chaque groupe avaient été alignés contre un mur par taille décroissante afin de recevoir un prénom anglais dans l’ordre de l’alphabet. Dans le cadre d’un règlement draconien et sous la menace d’une discipline rigoureuse leur était dispensé un enseignement plus pratique que théorique destiné à les assimiler à la culture anglo-saxonne.
Alors, Géronimo, un portrait impossible derrière le mythe démesuré ? Oui, si l’on s’en tient aux seules notations éparses dans les textes signés de témoins occasionnels dont le point de vue défie l’objectivité. Oui, encore, parce qu’il existe trop de zones d’ombre dans la vie du personnage. Non, par contre, si l’on accorde confiance à tout témoignage sur son compte, sans rechercher et les circonstances de celui-ci et les motifs profonds de son auteur. Ou si l’on abandonne tout sens critique devant une légende qui, oubliant le sang innocent répandu, n’hésita pas à hisser Géronimo au noble rang d’un patriote émérite. Et qui, par là, insulte la mémoire des véritables héros apaches : Mangus Coronado, Cochise, Victorio et Nana. Ceux-là pensèrent et menèrent constamment leur combat en référence aux intérêts de leur peuple. A l’opposé, Géronimo ne s’illustra que dans des coups de main, de savantes embuscades et d’audacieuses rapines. Il y tua beaucoup d’innocents, adultes et enfants. Des Mexicains, surtout, car il aimait, semble-t-il, les voir mourir.