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Critique de Krissie78


Mario Rigoni Stern nous emmène dans le nord de l'Italie, sur le plateau d'Asiago, à la frontière du royaume d'Italie et de l'Empire austro-hongrois, pour nous raconter, de 1886 à 1917, la vie de Tönle Bintarn.

Tönle est un berger des montagnes alpines. Comme ses voisins et amis, quand il ne s'occupe pas de son troupeau il est contrebandier. Cela lui permet de faire vivre correctement sa famille. Mais un jour, au retour d'un de ces voyages, il blesse un douanier en tentant de s'échapper. Il se cache et est condamné à 4 ans de prison. Une condamnation que va le condamner à l'exil sur les routes de l'Europe centrale. Il exercera différents métiers mais chaque hiver il reviendra parmi les siens tout en se cachant pour échapper à la prison. Jusqu'à une amnistie qui lui rend sa liberté. Mais la guerre arrive dans ces montagnes où les habitants ne savent pas ce qu'est la notion de frontière.

Le récit de la vie de Tönle est le récit d'une époque et d'une région, de la vie de gens qui vivent au rythme des saisons et de la nature, le récit d'un territoire pris dans les secousses de la folie meurtrière et destructrice des hommes.

L'écriture de Mario Rigoni Stern est simple mais belle, fluide. Les images naissent facilement dans l'imaginaire du lecteur sous sa plume. Nous sommes au coeur de ces villages alpins, de ces familles modestes mais pas incultes ni malheureuses, de ce monde qui avance à marche forcée. Car tous ces hommes qui partent au printemps pour revenir au début de l'hiver participent à la transmission des idées, rapportant de leurs voyages de quoi faire vivre leurs familles mais aussi l'ouverture sur un monde qui se transforme. Tönle lui-même n'est-il pas porté par les idées socialistes, voire anarchistes de son époque ? Tönle est un homme libre et fier, qui toute sa vie se heurtera aux carcans que les hommes de la ville tentent de lui imposer, en temps de paix (condamnation de la contrebande) comme en temps de guerre (refus des fluctuations des frontières terrestres dans une région d'échanges entre les peuples, et pour un homme né autrichien et devenu italien du jour au lendemain sans avoir déménagé mais par une signature au bas d'un traité, un homme qui a passé une partie de sa vie à voyager au sein de cet empire devenu ennemi). Face à l'autorité de l'État et de l'armée (quelle que soit sa nationalité), il oppose le bon sens terrien, la fierté d'une population, la volonté de pouvoir continuer à vivre tranquillement sur la terre de ses ancêtres, avec son chien et ses moutons, sans rien demander au reste du monde.

Le récit est narratif, fait par un tiers des années plus tard. Il est riche en images et en sensations. Il constitue un témoignage sensible et historique sur un territoire et ses habitants.
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