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Critique de Exuline


Ce roman est un éveil aux sens, simple, délicat, parfois poignant, tout en sentiments et en espoir.

Tout d'abord, la vue. Une couverture délicate tout droit sortie d'une ancienne herboristerie. Holly Ringland nous immerge dans des paysages tirés tout droit de son imagination comme par exemple la description du cratère, mais peut importe, sa plume nous invite au voyage, nous découvrons des décors qui pourraient exister : la mer qui court sur la plage, les champs de canne à sucre, les longues routes désertiques, la fermes au fleurs, la rivière qui prend vie. Chaque endroit où se retrouve Alice prend vie devant nos yeux. le mérite est dans ce que cela ne devient pas lourd à la lecture, nous devenons un observateur discret et suivons les déménagements successifs d'Alice. Enfant puis adulte, ce personnage est parfois attachant, parfois agaçant, mais on ne peut lui en vouloir, elle n'a pas encore appris à ouvrir les yeux et justement tout l'intérêt de ce roman est de découvrir le moment où elle va recouvrer la vue et enfin être libre de choisir le chemin de sa vie.

Ensuite, l'ouïe, les vagues qui viennent s'écraser, le murmure de l'eau qui passe, le tonnerre qui résonne, un chien qui aboi, mais surtout l'ouïe ne serait rien sans son pire ennemi, le silence, le silence des mots, le silence des secrets, car Alice est entourée mais tous sont muets. Elle découvrira au fur et à mesure toutes ces trahisons, depuis ces parents, sa grand-mère, ses amours, des secrets qui l'emmèneront plus loin qu'elle aurait pu imaginer. Holly Ringland, nous raconte via le point de vue de plusieurs personnages, de lettres dissimulée, ce que porte le coeur des Hommes. La vérité n'est pas facile à dire et certain préfère porter le poids des non-dits, croyants protéger ceux qu'ils aiment. L'auteure a su distiller au fur et à mesures, ces indices qui nous permettent de prendre Alice toujours plus en affection.

Continuons avec l'odorat, très développé au début de ce roman. Sentez-vous cette odeur de fumée, cette odeur grasse, huileuse, la térébenthine du bois qui pénètre dans vos poumons quand tout est réduit en cendre. L'histoire d'Alice commence dans le feu, dès la première phrase de ce roman, une odeur qui va lui coller à la peau et qui va la tourmenter pour savoir si les choses s'étaient passées différemment comment aurait été sa vie, une construction personnelle qui tourne autour des si et qui vont faire d'Alice, une fois adulte, une jeune femme forte mais pas complétement stable. Cette jeune femme qui veut prendre en main son destin, fuir les mensonges, fuir son passé, fuir cette odeur qui continue à vivre en elle, mais devra-t-elle se consumer entièrement avant de renaitre de ses propres cendres ? Mais il y a également ces odeurs douces, celles de ses roses, qui s'éveille le matin et embaume les coeurs des amours naissants, ces odeurs qui nous suivent et nous font oublier celles que nous souhaiterions oubliées et qui enivrent oubliant le monde qui tourne autour de nous.

Le goût, le sens rassurant, qui protège qui nous permet de retourner en enfance, cette madeleine de Proust qui nous fait du bien. Ces plats et ses douceurs préparé avec amour, pour ceux qu'on aime, ceux que l'on veut aider mais qu'on ne sait pas comment faire, ceux que l'on veut réparer. Autour d'une table en famille qui n'est peut être pas sa famille généalogique mais qui est celle auprès de qui on se sent bien. Autour d'un feu, à la belle étoile, avec ses amis qui nous apporte leur soutien. Alice aura plusieurs familles, et toujours, Holly Ringland mettra ce sens en valeur quand les moments seront graves.

Et pour finir le toucher, que l'on soit actif ou passif. Lorsque notre main se tend pour toucher ses fleurs, douces, rugueuses ou épineuses. Ces fleurs qui deviennent immortelles emprisonnées dans la résines, mais qui racontent une histoire, qui donne un sens à celle qui la porte et qui inexorablement portera sa main vers elle pour la toucher, et se souvenir. Il y a également, la caresse de celui qu'on aime et avec qui on ne voudrait jamais être séparé, celui avec qui on croit que se sera pour la vie. Il y a également, les coups, durs, à encaisser, à se convaincre que c'était la seule fois, ces coups qui lorsque le bleu disparu reste gravé dans le corps. La force de vouloir arrêter, de vouloir partir, ou au contraire, ne pas y arriver, jusqu'au drame ultime.

Soyez prêt à partir dans un voyage sensoriel en lisant l'histoire d'Alice et de sa famille, découvrez, une petite fille qui va grandir et qui va se construire, en faisant des erreurs, en doutant, en voulant devenir quelqu'un d'autres.

Ce roman nous parle d'amour, d'écoute, de persévérance, d'espoir, d'erreurs, de chute, et d'élévation, pour atteindre l'équilibre qu'est la vie, avec ces moments difficiles et ces moments heureux. Ces séparations brutales, voulues ou au contraire involontaires, ces rencontres qui font chavirer et celles qui nous entrainent vers le fond. Tous ces chemins qui se croisent, qui s'entremêlent et qui font dire qu'au bout, il y a l'espoir.

Un très beau roman, cependant, j'ai été un peu déçue par la fin, trop rapide, par rapport au reste du roman, et je suis restée un peu sur ma faim, mais je garde de belles images dans ma tête du reste de l'histoire.
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