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Critique de gerarmenvu


Cinq étoiles parce que je ne peux pas en mettre six sur cinq!
Et pourtant je commence par un défaut du livre:son titre assez insignifiant par rapport à son contenu : prendre sa douche trois minutes de trop pendant des décennies n'impactera pas autant son bilan carbone qu'un vol Paris-New York . Autre défaut : il fait double emploi avec le livre précédent du même auteur "Pourquoi détruit-on la planète" mais "pourquoi je prends ma douche trois minutes de trop" a un plan plus clair et est préférable. L'idéal serait le second (par ordre de parution) avec le titre du premier.

J'en viens au contenu. Il faut d'abord que je précise que je suis sensibilisé à la question écologique depuis très longtemps et que, par exemple , lorsque j'ai décidé de ne plus prendre l'avion Greta Thunberg devait être encore au biberon (et cette décision ne m'a rendu ni frustré ni malheureux pour des raisons d'ailleurs en partie exposées dans ce livre) . J'ai donc lu pas mal d'ouvrages sur le sujet et je me demandais pourquoi les humains ne réagissaient pas plus vivement devant la menace pesant sur eux. Eh bien après cette lecture j'ai la réponse ou plutôt les réponses exposées d'une façon on ne peut plus complète, claire, rigoureuse et accessible. En effet le but du livre n'est pas de montrer la nécessité impérieuse de changer de comportement (ça c'est considéré comme acquis et ceux,de moins en moins nombreux, qui n'en sont pas persuadés peuvent se référer à quantité d'autres ouvrages) mais de mettre en évidence ce qui nous empêche de réagir comme il le faudrait.
Et là on peut dire que le but est atteint: notre cerveau est à bien des égards très proche de celui des premiers humains et notre comportement, individuel et collectif, obéit à des mécanismes dont nous sommes largement inconscients nous empêchant de prendre des décisions vraiment rationnelles . Si ce sujet ne vous intéresse pas (après tout il ne s'agit que de la survie de l'humanité et on peut préférer regarder un bon match de foot) mais si vous décidez quand même de vous plonger dans cette lecture, vous apprendrez justement pourquoi votre intérêt pour le match et des tas de choses sur vous même et vos semblables : pourquoi les addictions, pourquoi la préférence pour le court terme, pourquoi les dépenses ostentatoires, différence entre plaisir et bonheur et pourquoi notre société de surconsommation entretient la confusion à ce sujet, pourquoi à la fois l'altruisme et l'égoïsme et ce qu'est l'altruisme paroissial, pourquoi le passage du paléolithique au néolithique qui n'a pourtant pas amélioré les conditions de vie des humains (qui n'ont retrouvé la taille et l'espérance de vie qui étaient les leurs lors de ce passage qu'aux environs du dix-neuvième siècle), pourquoi la naissance et l'acceptation d'un niveau d'inégalité injustifiable conduisant à la destruction du bien commun, pourquoi le nationalisme, pourquoi le "système" prend le dessus sur l'individu. Vous apprendrez aussi par exemple que notre cerveau s'est considérablement réduit au cours des 3000 dernières années et bien d'autres choses encore qui font de ce livre un ouvrage d'une densité et d'une richesse remarquable.

Le propos se termine par une solution proposée par l'auteur, le CIIE (compte individuel d'impact environnemental). Il s'agirait dans cette optique de voir ce que chaque humain serait autorisé à "consommer" non pas en termes pécuniaires mais pour que l'impact total sur la planète soit acceptable. Des idées sont amorcées dans ce sens et n'éludent aucun sujet: par exemple sur la démographie : " si l'on parvenait à réguler notre démographie les personnes qui ne naîtraient pas n'auraient pas à souffrir de leur inexistence quand ceux qui seront mis dans un monde surpeuplé auront à subir les inconvénients dramatiques de leur nombre".
Le CIIE est présenté comme la seule solution possible, ce qui peut paraître exagéré, mais là encore la démonstration est rigoureuse et m'a personnellement convaincu. Ce projet est évidemment très utopique mais comme le disait René Dumont ce sera "l'utopie ou la mort" (ou tout au moins l'utopie ou la catastrophe) et malheureusement je doute fort que l'acceptation de cette utopie arrive à temps pour éviter la catastrophe.
Sur ce je vais prendre ma douche (trois minutes de trop?)

PS: une citation qui n'est pas extraite de cet ouvrage mais y colle tout à fait:
"Nous sommes tous des marionnettes, et notre meilleur espoir de se libérer ne serait-ce que partiellement est d'essayer de comprendre le fonctionnement de ces marionnettes" (Robert Wright)
Alors.....vos l'achetez quand ce livre ?
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