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Critique de AlexianeTh


Charles-Henry de la Ravinière est mandaté par son patron d'une grande enseigne de parfumerie, M. Collmann, pour lever le masque sur les manigances douteuses de la directrice d'une de leurs succursales canadiennes. Brenda Blanchard mène un train de vie qui attise les suspicions, bien trop aisé pour n'être dû qu'à son salaire. Les informations fuitent, Charles-Henry doit impérativement trouver les preuves pour la mettre au pied du mur. Motivé et loyal, le nobliau embarque doudoune, bottes moumoutes, bonnets et moufles pour affronter la harpie Blanchard et le froid nord-américain.
L'on peut dire qu'il est plutôt rare de suivre les aventures d'un point de vue uniquement masculin dans ce genre littéraire. La narration interne au récit correspond à Charles-Henry, héros principal dans Un parfum entre nous. Après le prologue qui, lui, est externe au récit, mais non indispensable pour amorcer la profondeur du protagoniste principal, nous ne quittons plus ses pensées et diverses introspections jusqu'au point final.

« Charly » est fils de duc, issu donc d'une riche famille aristocratique française, à l'héritage historique important. Il fait partie d'une fratrie de quatre : Pierre-Mathieu et Anne, ses ainés, puis la jeune Claire, la cadette rebelle. Ils ont toujours leurs deux parents qui gèrent le château familial, mais c'est Pierre-Mathieu, le plus âgé des enfants, qui semble garder un oeil critique sur le quotidien de ses cadets. Charles-Henry s'est vite conformé aux us et coutumes de la vie d'aristocrate, faute de choix. Mais il semble néanmoins et ce, depuis toujours, couver en lui une envie de s'émanciper des diktats de la noblesse. Un désir timide, étouffé même. Son langage est très soutenu, au point que ses injures proviennent d'un tout autre temps (cornegidouille ! Sacrebleu ! Parbleu !), de quoi déclencher des sourires ou des rires aux lecteurs, peu habitués à des termes si pompeux, mais pourtant si risibles dans le contexte dans lequel nous les retrouvons. Toujours très chic et élégant, Charly porte sa naissance sur lui. Il ne travaille pas pour vivre, mais plutôt pour s'occuper. Il n'a pas réellement besoin d'un salaire. En revanche, ce n'est pas pour autant un homme détestable : même s'il rassemble plusieurs caractéristiques qui, dans d'autres récits, pourraient le rendre tout à fait antipathique, ici, ces vices poussés parfois à l'extrême participe au burlesque, un peu comme si l'on empoignait le cliché et qu'on le démontait au gré des rires et de situations qui, il faut l'avouer, pourrait aussi nous arriver en dehors de l'aspect « séduction » dont Charly est friand. Homme à femmes peut-être, mais il n'en est pas pour autant un macho désagréable à qui l'on aurait bien envie de remonter les bretelles ! Charles-Henry est drôle, très attachant et son coeur bien placé lui fait honneur. Même s'il porte son aisance financière sur lui et les marques de sa haute naissance dans son dialecte et son paraitre, il ne cherche pas non plus à en faire tout un étalage.

Ce personnage – ce héros – se heurte à un second : Brenda Blanchard. Une femme exécrable au départ. Charly trouve son coq ! Froide, hautaine, distante et à la réplique bien sentie, elle n'en est pas un protagoniste pesant et lassant pour autant. Anna Riviera veille à ne pas la rendre insupportable. Atypique dans son genre aussi, ses fragilités restent néanmoins un peu plus dans le cadre que l'on connait, donc plus « classique. » Loin de rester acariâtre, tout comme Charles-Henry, Brenda évolue et cela est plutôt plaisant d'assister à ses changements plus ou moins subtils.

Les échanges/piques entre Charly et Brenda sont très amusants ; leur relation est plaisante dans ses bons et ses mauvais côtés. L'on peut n'attendre qu'une chose : de nouvelles altercations, mais aussi ces instants où nous apprenons à les connaître un peu plus.

Autour de ces deux personnages, nous avons bien entendu des protagonistes secondaires tels que José, Mélanie, Raclins, Claire et Hypolite, Jacqueline, les parents de Charles-Henry, John… Ils sont nombreux, mais ils apportent une autre dimension aux relationnels, aux péripéties en apportant des solutions ou, à l'inverse, de nouveaux obstacles. Eux aussi ont leur lot d'humour, de franchise ou de secrets, impactant plus ou moins l'évolution du héros principal.

Il y a peu de descriptions les concernant, mise à part quelques traits qui les différencient vraiment des autres. Anna Riviera s'y attarde peu, mais ce n'est pas plus mal : le lecteur est libre de façonner les visages au gré de son imagination.



C'est un dépaysement presque total lorsque nous entamons la lecture d'Un parfum entre nous. Nous dérivons loin de la France, pas si loin des Etats-Unis, mais nous intégrons un contexte que l'on voit peu dans ce genre littéraire. L'on se balade au Canada, un petit saut au Québec : on voyage, on découvre en même temps que Charles-Henry, butons sur les expressions locales, le vocabulaire qui nous dépasse, mais qui nous amuse, quelques moeurs amusantes aussi, qui laissent Charly complètement coi. Nous apprenons par le rire et la dérision, mais l'on profite aussi des ressentis du héros qui accueille la nouveauté avec ouverture d'esprit et bienveillance. Nous pouvons comprendre qu'Anna Riviera maitrise son sujet et est fort susceptible de retranscrire ses propres expériences ou ses propres balades canadiennes.

Le récit débute par l'enquête accusant Brenda, agrémentant l'intrigue d'une autre saveur qui ne se focalise pas sur la romance ou l'aventure initiatique de Charly. Au fil de notre lecture, nous sommes amenés à réfléchir aussi, en essayant de rassembler les pièces du puzzle, de porter le blâme ou non sur mademoiselle Blanchard, de tricoter des hypothèses entre deux petits gloussements.

L'aspect feelgood se retrouve dans ses valeurs que l'histoire essaie de nous transmettre au travers de ses personnages et de ses lignes : l'importance de vivre l'instant présent, de garder l'esprit ouvert et bienveillant, de profiter tant qu'on le peut encore, les richesses culturelles qui donnent parfois l'impression d'être une barrière, la tolérance… Quelques petits messages très subtils aux allures féministes. L'on ressort de ce récit en se disant que l'on est riches que de son bonheur et qu'il mérite que l'on se batte pour lui. Il faut le saisir au vol, en acceptant de temps à autre de lâcher-prise, d'oser, de se dépasser. Il faut vivre sans regrets et sans remords.

La plume est très agréable, fluide, s'adapte au caractère du héros, et ne frôle jamais le vulgaire ! Nous ne sommes pas dans une romance contemporaine abordant quelques scènes érotiques. La sexualité est évoquée, mais rien ou presque n'est décrit. Nous restons dans un genre léger et feelgood. Et nous pensons en toute honnêteté que cela n'a pas manqué, bien au contraire. Tout est bien dosé.

Le rythme est équilibré. Nous avons tendance à enchainer les pages sans lassitude, avides de découvrir la nouvelle déconvenue de Charly ou bien tout simplement la suite de ses aventures. Très peu de longueurs, l'ennuie s'installe quasiment jamais.

Un parfum entre nous est un premier roman très réussi, qui se lit vite, avec légèreté. Il est susceptible d'accompagner les fêtes de fin d'année sans aucun souci, tout à fait approprié, tout en nous motivant à prendre de belles résolutions pour la nouvelle année. Charles-Henry est un personnage original et très amusant ; il porte à lui seul le récit et nous en redemandons encore ! Il est malheureusement peu probable qu'il y ait une suite. Pas de crainte pour ceux qui préfèrent les one-shot : ce roman est abouti, il a bien une fin.

Nous conseillons Un parfum entre nous pour Noël, mais aussi pour chaque jour de l'année.
Lien : http://marmiteauxplumes.com/..
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