L'Élysée (et les oligarques) contre l'info

À force de se méfier des journalistes, de les éconduire, de vouloir contrôler l'information, d'encourager l'affaiblissement de l'investigation dans l'audiovisuel public, Emmanuel Macron n'a-t-il pas contribué à faire de l'Élysée un "palais des fake news" ?

Toutes choses considérées, le média le plus impacté par les compromissions de François Hollande est très certainement Canal Plus. En appuyant sans réserve la montée de Vincent Bolloré au capital de Vivendi, puis en détournant le regard quand ce dernier menaçait l'indépendance éditoriale de la chaîne cryptée, le président socialiste aura laissé opérer l'un des plu spectaculaires saccages éditoriaux de l'histoire des médias français.

Je trouve que c'est beaucoup les hommes qui sont lâches dans notre profession. Peut-être car ce sont eux qui ont les responsabilités, mais je suis frappée, même des gens qui ont un certain âge, ils rampent ! Alors qu'on peut résister, on a des armes !

(Sylvie Maligorne, Agence France Presse).

Le 30 juin 2008, la tension est palpable devant le siège parisien de France Télévisions. Informés de la venue du président de la République au « 19/20 » de France 3, des dizaines de salariés manifestent avec des pancartes hostiles à la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public, une mesure décidée unilatéralement par l’Élysée quelques mois plus tôt. Quand Nicolas Sarkozy les aperçoit depuis son convoi présidentiel, il s'énerve. En montant quatre à quatre les escaliers, il lance à Patrick de Carolis, le président de France Télévisions venu l'accueillir : « Cette maison n'est pas tenue ! » A l'intérieur, il continue à l'accabler de reproches.

Au cours de son quinquennat, en échange de quelques miettes de complaisance médiatique, dans la lignée de François Mitterrand, François Hollande va laisser les puissants propriétaires de presse instrumentaliser un peu plus encore les médias d'information.

"Ça y est, on a pris le contrôle de la chaîne ! " : c'est le cri de joie qu'aurait poussé Nicolas Sarkozy en juillet 2015 quand Vincent Bolloré décapitait les guignols de Canal Plus.