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Critique de iris29


Un jour que j'étais dans ma cuisine (à faire ce que l'on fait dans une cuisine...), j'ai entendu à la radio, une histoire de justice injuste ... Un homme allait bientôt être libéré, car la personne qui l'avait accusé de viol, mineure à l'époque des faits, s'était rétractée, il était innocent... Elle l'avait désigné lui, pour ne pas désigner le vrai coupable, son frère... et ainsi pulvériser sa famille. Ce roman étant sorti, sensiblement en même temps , et présentant des similitudes étonnantes, avec cette vraie affaire, j'ai laissé passer du temps, pour oublier la vraie histoire. Mais les raisons du roman n'ont rien à voir ... Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, a créé SON histoire, certainement avec des bouts de celles entendues dans les prétoires, les salles d'audience ; en effet, c'est tellement bien fait, tellement réaliste...

Dés le début , on apprend que la fille a menti, que l'homme est innocent. Et c'est toute l'histoire de ce mensonge, que va nous raconter l'autrice. Comment il naît d'un malaise, d'un mal-être, comment "il passe crème", comment la justice croit d'abord les enfants, avant les adultes. Comment la machine s'emballe, d'une petite confession au gros cirque d'un procés et d'une condamnation et d'un procés en appel.

C'est fascinant à lire.
Cela pourrait être vrai.
Cela s'est déjà produit... (On l'a vu avec l'affaire dont je vous parle plus haut, et aussi avec l'affaire d'Outreau...)
Les enfants peuvent mentir. Les filles aussi.
Et cela pose des tas de questions, retourne complétement notre cerveau. Si l'on ne peut plus croire les faibles, d'abord, avant les adultes, les jeunes filles avant les hommes si fort physiquement, qui croirons-nous ? Et cela fait du tort à un mouvement comme MeToo, si nécessaire, et qui a eu tant de mal , qui a mis si longtemps avant d'éclore...
Cela questionne sur la cellule familiale, sur les parents qui à force de vouloir être heureux, ( "parce qu'on a qu'une vie, hein."..), foutent en l'air celle de leur enfant lorsque tout explose, s'ils ne font pas gaffe ...
Et cela interroge sur le féminisme, sur ce que nos mères nous ont légué, sur ce qu'on en a fait, sur ce que nos filles pensent maintenant de cet héritage, ce qu'elles gardent, ce qu'elles jettent...
Cela questionne sur le métier d' enseignant, à qui on demande parfois de jouer les alerteurs, les confesseurs, les assistantes sociales, les psychologues... Sauf qu'ils n'ont pas LA formation. Sauf qu'ils sont si jeunes quand ils débutent (21/22ans ,si leur cursus étudiant se passe "normalemement")...
Que dire du réquisitoire de l'avocate ? : génial , implacable, magistral . Une pure démonstration de ce que l'on fait dire aux mots, du sens que l'on leur donne, de leur puissance. C'est un livre pour les littéraires.
C'est un roman qui montre et démontre que la justice ne passe pas de la même façon sur les puissants ou sur les misérables. Comme dans le cas évoqué plus haut, le coupable-innocent était pauvre, sans relation, seul... Un coupable idéal, donc...

Un roman très contemporain, très intelligent, très facile d'accés qui interroge sur le monde dans lequel nous vivons.
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