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Critique de Tostaky0


Qui ne dit mot consent ?
La fille qui ne disait jamais oui, mais qui ne savait pas dire Non.
Sois belle et tais-toi.
Je peux en trouver des titres à ma chronique de Zone grise de Loulou Robert.
Un récit émouvant, éprouvant, choquant parfois.
Pas une vengeance.
C'est l'histoire d'une vie volée, une vie violée.
Sous sa plume, pas de hurlements.
Juste la douleur, juste la haine, contenues.
Chaque lecteur appréciera à sa façon.
Moi, cette lecture m'a troublé.
Parce que je suis un homme, un père, et même un grand-père.
Ce livre, c'est son "J'accuse".
Pourtant, elle ne donne pas de nom, pas plus qu'elle ne portera plainte contre ceux qui ont abusé d'elle.
Notamment, ce photographe dont elle cache l'identité derrière une seule lettre.
Comme pour les autres, d'ailleurs.
Petite fille, ado, jeune femme, ils se sont servis.
Le mot est fort ? C'est volontaire.
Une main, un doigt, une langue, une verge.
Parce qu'innocente, parce qu'ignorante, parce que silencieuse.
Parce que petite fille elle ne savait rien et s'imaginait grandir.
Parce qu'ado elle avait envie de découvrir.
Parce qu'adulte elle faisait confiance.
Elle est belle Loulou, si belle qu'on va en faire un mannequin.
Ne t'inquiète pas, tout ira bien.
Il faut se déshabiller ?
Pour la beauté de l'image ?
Pour l'art ?
Alors, s'il faut, soit.
Pourtant quand le photographe devient entreprenant, le doute s'immisce. Mais s'il le fait, c'est sûrement que c'est normal.
Il n'y a pas de violence, jamais.
Il n'y a pas de plaisir, surtout pas pour elle, mais elle enchaîne pourtant les séances.
Elle veut réussir dans le métier.
Ce livre ?
C'est sa révolte.
C'est son cri.
C'est sa haine.
C'est sa liberté.
Elle a compris maintenant.
Elle ose.
Elle maudit sa naïveté  mais elle sait son pouvoir.
Le pouvoir de dire NON.
Offrir sa nudité au nom de l'art, ne veut pas dire s'offrir à celui qui la dévoile, pas plus qu'elle ne rêve de s'offrir aux hommes qui s'enivrent et nourrissent leurs fantasmes devant ces photos.
D'ailleurs, derrière les sourires de façade, avez-vous remarqué la tristesse de certains regards, tout n'est pas que strass et paillettes.
Un jour elle s'est décidé à parler, pour révéler,  dénoncer.
Pointer du doigt ces hommes, conscients, mais qui s'autorisent à prendre son corps
Ceux qui abusent, ceux qui refusent de voir.
Ce livre, c'est son tribunal.
Elle ne veut pas de procès.
Ne pas affronter les regards.
Peur de ne pas être comprise, voir, d'être accusée de mentir, de corrompre ou de provoquer.
Non, elle veut juste tourner la page.
Maintenant elle aime, elle est aimée et...elle écrit.
Est-ce que cette thérapie suffira ?
D'ailleurs a-t-elle entrepris cette démarche comme une thérapie ?
Loulou Robert a choisi d'écrire comme je viens de le faire pour cette chronique, par petites phrases.
Comme des coups de poing dans un mur.
Pour briser le silence.
Raconter ce qu'elle a vécu, subi, tu pendant trop longtemps.
C'est fini maintenant, elle peut commencer une nouvelle vie.
Je suis sûr qu'elle va nous écrire de belles choses encore... fini les cauchemars, place aux rêves...
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