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Critique de mjaubrycoin


Le jeune Erasme a des insomnies...et la pleine lune n'y est pour rien ! Il doit prononcer le lendemain devant l'assemblée des professeurs de la Sorbonne le discours qui décidera de sa carrière et lui permettra d'enseigner s'il recueille l'avis favorable de ses pairs.
Alors qu'il est assailli de doutes, voila qu'il est visité par une femme étrange coiffée d'un bonnet à grelots qui lui dit qu'elle s'appelle Marotte et propose de lui faire visiter le monde à sa suite, pour lui donner des arguments pimentant son discours inaugural.
Erasme découvre ainsi le pouvoir de la folie, à l'origine de la construction de la Tour de Babel puis de la dispersion des peuples et de la guerre qui s'ensuit. Lisant dans le coeur des hommes, il ne découvre que la noirceur et en conclut que le rôle du philosophe est "de remettre le monde à l'endroit".
Au petit matin, il prononce donc un discours bien différent de celui qu'il avait préparé et déclenche dans son auditoire des réactions qui n'ont rien d'académiques ...
Tout se termine dans une cavalcade de carnaval menée par un âne, où les personnages de Rabelais apparaissent à point nommé..
Ce conte qui s'adresse à des enfants à partir de neuf ans se donne pour but de familiariser le jeune lecteur avec la philosophie d'Erasme et de lui faire connaître son oeuvre en la mettant à sa portée. Certes il est magnifiquement illustré, écrit dans une langue poétique, mais avec un florilège de jeux de mots et d'allusions savantes qui parleront plus au lecteur adulte qu'au jeune public.
Alors que le texte d'Erasme "Eloge de la Folie" est une satire regorgeant de drôlerie qui présente la folie comme une compagne tolérante des vices de l'humanité, qui dispense autour d'elle une gaité ravageuse et permet le maintien de l'équilibre du monde, l'auteur insiste ici sur l'aspect perturbateur de la folie , porteur de lourds conflits même si le renversement final apporte une note joyeuse après tant de gravité.
Ce parti pris m'a surprise car je m'attendais à une plus grande proximité avec le texte initial. Une adaptation ironique prenant pour cible des personnages contemporains aurait elle été trop perturbante ?
Erasme n'a pas été tendre avec ceux qu'il a croqués sur le vif qu'il s'agisse des religieux, des femmes, des enseignants ...et les catégories brocardés au début du 16ème siècle existent toujours... et pourraient bien encore prêter à rire...
Ce livre de la collection "les petits Platons" me parait donc peu adapté au public ciblé tant par ses références mythologiques (Nemrod devient Nabuchodonosor ? pourtant ce sont deux personnages bien distincts), artistiques (Hiéronymus...C'est Jérôme Bosch bien sûr qui a illustré avec talent l'Eloge, mais quel enfant le sait ?), littéraires (Rabelais n'est pas aussi connu que cela parmi les jeunes têtes blondes..ou brunes).
Pour le public adulte ( et érudit) ces références sont un régal bien sûr...mais quelle est la place de l'enfant dans ce récit ? Qu'en retiendra t'il ? Ecoutera t'il même l'histoire jusqu'au bout ?
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