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Citations sur Le carillonneur (12)

Dans le silence les âmes se comprennent.
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Pour cette affaire de Bruges-Port-de-Mer, comme pour les autres affaires, tout se passa dans l’ombre, en conciliabules étroits, en audiences de fonctionnaires, en tactiques de commissions. Des ingénieurs conspiraient avec des financiers et des hommes politiques. Farazyn était l’âme de ces combinaisons. Il en tenait toutes les avenues. Une ligue fut fondée pour être un centre de propagande. On eut soin d’écarter, cette fois, tout esprit de parti. Le président était un échevin de la ville. Farazyn fut nommé secrétaire. Un vaste pétitionnement s’organisa. Les habitants, nonchalants, craintifs au surplus, signèrent tous. Ensuite, des délégations furent reçues par les différents ministres qui acquiescèrent, promirent l’intervention de l’État, une partie des millions nécessaires.
Toute la machine politique intervint, formidable appareil, aux ressorts cachés, aux courroies sans fin, aux volants irrésistibles.
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Ah ! cette caresse des yeux sur les yeux, qui ressemble à celle des lèvres sur les lèvres, et qui est déjà de la volupté !
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L’acte même d’écrire est comme un acte d’amour. Il y a contact. Il y a échange, aussi. On ne sait si les mots sortent de l’encre sur la page, ou s’ils naissent de la page elle-même, dans laquelle ils dormaient, et que l’encre ne fasse que les colorer.
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La foule écouta, haletante. On ne savait même plus si c’était le carillon qui tintait, et par quel miracle les quarante-neuf cloches du beffroi ne faisaient plus qu’un — chant d’un peuple unanime, où les clochettes argentines, les lourdes cloches oscillantes, les antiques bourdons, apparurent vraiment des enfants, des femmes en mantes, des soldats héroïques, s’en revenant vers la ville qu’on croyait morte. La foule ne s’y trompa point ; et, comme si elle voulait aller au-devant de ce cortège du passé, que le chant incarnait, elle entonna à son tour le noble hymne. Ce fut une contagion sur la Grande Place entière. Chaque bouche chanta. Le chant des hommes alla dans l’air à la rencontre du chant des cloches ; et l’âme de la Flandre plana, comme le soleil entre le ciel et la mer.
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Il n’est d’homme véritablement heureux que l’homme qui a une idée fixe. Elle remplit ses minutes, comble les vides de sa pensée, faufile d’imprévu son ennui, oriente son désœuvrement, vivifie d’un courant brusque et incessant l’eau monotone de l’existence.
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Joris se sentit troublé profondément. Un immense désir qu’elle fût heureuse et lui dût son bonheur soudain le traversa. Sa bouche, où quelques pleurs avaient roulé, était une fleur mouillée qui souffrait, qui s’offrait… [...]
Barbe ne répondit plus ; elle avait baissé les yeux, un peu gênée, anxieuse, comprenant le jeu décisif, la minute où tout se décide. De ce qu’elle fût soudain devenue plus pâle, malgré son teint toujours mat, la bouche parut plus rouge.
Son attitude consentait…
Alors Joris n’y tint plus ; il se sentait incapable de trouver encore d’autres paroles. Soudain, tout contre elle, il lui prit les mains, qu’il maintint le long du corps, et, d’un élan, dans une audace folle, sans savoir pourquoi, trop tenté décidément par cette bouche, il y jeta ses lèvres, en communia, la mangea… Eucharistie de l’amour ! Hostie rouge ! Ne fut-ce pas vraiment une Présence réelle ? À cette minute, il la posséda toute sous les espèces de sa bouche, où elle fut résumée et transsubstantiée !
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Au-dessus de la vie ! Borluut retrouva l’ancienne sensation en montant au beffroi ce jour-là, à l’heure du carillon. Il venait encore d’avoir à subir de nouvelles scènes avec Barbe, pour des vétilles, un emportement brusque, un branle-bas instantané de tous ses nerfs où le visage entier se décomposait. Seule la bouche trop rouge surnageait, plus rouge dans cette colère blanche. Et il en sortait des mots durs, pressés, absurdes, mais qui l’assaillaient comme des cailloux. Chaque fois Borluut demeurait terrifié, le cœur en suspens, devant ce déchaînement qui pouvait d’une minute à l’autre, il le sentait, aboutir au pire… Et il sortait de ces alertes, désemparé, même physiquement las, comme s’il avait lutté contre un élément, contre le vent dans l’obscurité.
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On vend de tout à ce marché : de la toile, des cotonnades, des objets de fer, des instruments aratoires, des jouets, des antiquités. Pêle-mêle bariolé, comme d’un déménagement des siècles ! Les marchandises sont entassées, semées en désordre sur le sol, toutes couvertes encore de poussière accumulée, comme provenant d’un inventaire, de la maison d’un absent qui fut longtemps close. Tout est vieux, oxydé, fané, et serait laid sans le soleil intermittent du Nord qui brusquement y allume des clairs-obscurs, les ors roux de Rembrandt.
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A coups sonores, le bourdon du beffroi ne cessait pas de sonner. C’était la cloche du Triomphe, celle des deuils, des gloires et des dimanches qui, fondue en 1680, habita là-haut depuis lors et dont le battement, comme celui d’un grand cœur rouge, marqua toutes les pulsations du temps dans les rouages de la tour. (…)
En attendant, le carillon joua automatiquement le prélude qui est habituel avant la sonnerie de chaque heure, broderie aérienne, bouquets de sons jetés en adieu au temps qui part. Car n’est-ce pas la raison même du carillon : faire un peu de joie pour atténuer la mélancolie de l’heure qui meurt ensuite ?
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