AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de AugustineBarthelemy


Fleur est une vieille femme obèse, qui vit recluse dans son appartement de la rue des Soupirs, avec pour seule compagnie Mylord, son petit carlin obèse. Fleur est atteinte d'angoisse sociale, ou d'agoraphobie, selon les psys qu'elle fréquente. Sa journée ne peut commencer sans ses Zenocalm, Placidon ou Sérénix. La vie est un danger permanent pour cette vieille dame qui se méfie de tout et de tout le monde. Mais Fleur, malgré ses 76 ans, cache un caractère fleur bleue et une naïveté toute enfantine. Elle l'ignore, mais elle est un peu amoureuse de son docteur Borodine et de son accent russe.

Harmonie est une jeune femme de 29 ans, qui se sent inapte à intégrer la société. Elle est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette (Tabourette, comme le nommera bientôt Fleur) : ses gestes sont désordonnés, elle aboie dans les moments de stress et est atteinte de coprolalie. le regard des autres est délicat à affronter. Heureusement, Freddie, son petit-ami, la couve et la protège. Peut-être un peu trop.

Rien ne destinait ces deux femmes à se rencontrer. Pourtant, c'est une petite annonce qui va provoquer cette rencontre -d'abord tout à fait catastrophique. Fleur cherche une aide qui surveillerait son chien pendant qu'elle se rend chez le docteur Borodine. Harmonie cherche depuis longtemps un petit emploi pour occuper ses longues journées d'ennui. Stressée, une crise se déclenche sur le palier de l'appartement de Fleur, qui paniquée, lui referme sur le bras sa porte blindée. Ce sera une double fracture pour Harmonie : celle de son bras et celle de son couple. Freddie aura un mot malheureux, s'emportera contre les « bras cassés », l'incluant bien malgré lui dans ce lot. Harmonie le quitte et finira par s'installer, par un concours de circonstances, chez la grosse Fleur.

Les bracassées offre ainsi toute une galerie de personnages secondaires décalés et touchants, mais déclassés à cause de leur singularité : M. Poussin, le voisin de 103 ans, extraordinairement laid, mais ayant un don inné pour la photographie, Tonton, une poissonnière et une sculptrice au physique de camionneur et au langage familier, qui s'invente une famille à travers ses sculptures monstrueuses et démesurées, Elvire, une jeune femme dont les yeux ne cessent de se déplacer d'un coin à l'autre et qui est affligée d'une mère mysophobe.

Les bracassées livre avec tendresse la même leçon (sans moralisme) que M. Poussin donne avec ses merveilleuses photographies : il suffit parfois de modifier un peu son angle d'observation, son point de vue, pour changer le regard que l'on porte sur soi, pour adopter un regard positif afin de s'accepter et de se faire accepter. Fleur est obèse, mais c'est aussi une danseuse de claquette américaine agile, Harmonie se découvre une certaine grâce dans son maintien, malgré tous ses gestes désordonnés et même la laideur de M. Poussin s'efface devant le regard bienveillant qu'il porte sur le monde, à travers sa petite fenêtre qui donne sur la rue des Soupirs.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
Commenter  J’apprécie          230



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}