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Critique de Aela


Une petite pépite... Ce livre, mi-roman, mi-documentaire nous entraîne dans la Bretagne du 19ème siècle, dans le Finistère plus précisément.
Nous suivons le quotidien de trois familles, les Jézéquel, les Santec et les Guidou.

Des conditions de vie très dures dans ces campagnes...
Les relations sont souvent tendues entre le maire, les représentants du clergé, les instituteurs.

On voit successivement le bouleversement dû aux guerres (guerre de 1870..) les stratégies pour éviter la guerre: il fallait racheter le mauvais numéro pour ceux qui avaient eu un mauvais tirage au sort, on payait un remplaçant pour faire la guerre...

L'école joue un rôle important et va développer l'usage de la langue française puisqu'à l'époque le breton était la seule langue utilisée dans les familles.

L'école presbytérale va disparaître avec la Révolution et sera instaurée bientôt l'école républicaine.
Les instituteurs seront nommés par le préfet mais seront également "contrôlés" par le clergé. Les nouvelles méthodes pédagogiques "plus participatives" se heurteront à la résistance du clergé car venant d'Angleterre, pays de protestants!...

Une vie simple pour ces Bretons du 19ème siècle, il s'agissait de faire fructifier la ferme.. peu de distractions, seule la lecture de "Buhez ar Zent" (la vie des Saints).. est répandue.
Les mariages ne sont pas vraiment libres car le poids des anciens est fort: la pauvre Rozenn va en faire les frais et ne pourra épouser son amoureux. Personnage féminin fort et en avance sur son époque, elle tentera sa chance en ville et finira par épouser un "Monsieur"...

L'arrivée du chemin de fer va bouleverser de nombreuses vies. La construction va démarrer en 1861 et va dynamiser l'économie locale: de nombreux hommes trouveront du travail ainsi. Dès le départ il est prévu 2 lignes: l'une vers le Nord, vers Brest, par Saint-Brieuc et Morlaix, et l'autre au sud, par Vannes et Lorient (c'est encore le cas aujourd'hui..)
L'évêque de Quimper bénira le train lors de l'inauguration en 1865.
À l'époque il faudra 16 heures pour faire Landivisiau/ Paris!
On voit bien que ce chemin de fer, surnommé ici "ar marc'h du" (le cheval noir) révolutionne tout ce petit monde.
Le rôle des élections est important aussi et la plupart des électeurs ne sachant ni lire ni écrire, il va falloir trouver des stratégies astucieuses pour que tout le monde puisse s'exprimer!

Bref ce livre est d'une grande authenticité et l'auteur, Jean Rohou (né en 1934), écrivain universitaire breton spécialiste de Racine, met à profit ses connaissances de la région et du breton pour restituer un portrait haut en couleurs de cette époque.
Pour le petit mot de la fin, l'Ankou qui figure dans le titre est en fait le passeur qui mène les âmes vers l'au-delà..
Et comme on le disait fréquemment à cette époque:
"Kenavo er baradoz", on se reverra au paradis...
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