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Critique de CeCedille


C'est avec La ligne de front, en 1988, que l'auteur de ce billet découvrit Jean Rolin. Dès les premières lignes de son récit, sous-titré "Voyage" (il y a donc un trentaine d'années !), il sut qu'il l'accompagnerait volontiers sur les chemins du monde,sur terre et sur mer, vu son goût des bateaux.
Peu de chances avec lui d'aller visiter des contrées riantes, touristiques ou à la mode. Son monde est désolé, incongru, hostile, ravagé par toutes le plaies d'Égypte, plein de révolutionnaires, de bandits armés jusqu'aux dents ou d'autochtones indifférents sauf à la misère qui les cerne, jusque dans les proches banlieues de notre capitale. L'homme traverse le globe comme une ombre, de l'Arctique au Tropiques, l'oeil aux aguets, toujours là où on ne l'attend pas.
Il restitue au lecteur des scènes prises sur le vif, souvent drôles, mais aussi tragiques. Cet écrivain est un photographe de guerre sans appareil photo, doté d'un art de l'instantané à la Robert Capa. Avec une attention et une affection particulière pour les oiseaux, dont il sait (en latin) tous les noms, pour les chiens, de préférence errants, pour les bateaux, de préférence cargos, dont il suit les allées et venues comme les trainspotters anglais espionnent les mouvements ferroviaires.

Pourtant, dans ses incertains voyages, ses pérégrinations sont exactement documentées. On peut le suivre à la carte. Et c'est un monde différent que l'on découvre dans sa trace. Si l'on ajoute à cela une connaissance méticuleuse de l'histoire du pays parcouru, évoquée par éclipses, comme pour donner de la profondeur de champ à l'image, on commence à mieux connaitre ce compagnon de voyage avec lequel l'ennui n'est jamais au rendez-vous, puisqu'il sait nous enrichir de riens.

Crac, dernier opus de Jean Rolin, est surplombé par les remparts des forteresses mythiques des Croisés, les fameux Kraks, et les souvenirs archéologiques de Lawrence d'Arabie.
De Lawrence, on retiendra plus ses exploits vélocipédiques en France que ses aventures militaires au Moyen Orient. Son désert mythique n'a plus fière allure. Traverser aujourd'hui ces paysages mitoyens de pays en guerre, mités par d'improbables constructions toujours inachevées quand elles ne sont pas détruites par des bombardements, est une aventure cernés de périls difficiles à identifier. On y retrouvera notre lot de véhicules blindés -ou d'un luxe incongru (Porsche Cayenne)-, de chiens errants jaunâtres se disputant avec des corbeaux à queue courtes, endémiques des régions désertiques et amateurs d'acrobaties aériennes, de kalachnikovs pétaradantes pour le combat comme pour la fête. On notera enfin, sans s'en étonner outre mesure, la préférence de notre auteur, assez souvent illustrée dans ses écrits précédents, pour des boisson plus revigorantes que le maté que l'on s'obstine à lui faire boire tout au long de son périple et dont on a la chance qu'il ne l'ait pas interrompu pour cette seule raison.
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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