« Je me réveillai avec un mal de tête et l’esprit confus. Mais très vite, le puzzle des événements de ces dernières heures se replaça. J’avais frôlé la mort et j’avais failli la donner à un sorcier. En ouvrant lentement les paupières, je découvris un plafond haut en tôle. Je me redressai pour observer l’endroit, un hangar avec plusieurs lits de camp le même que dans lequel on m’avait installée. Les mordus semblaient plongés dans un sommeil profond induit par l’intraveineuse dans leur bras. Par réflexe, je vérifiai le creux de mon coude.
- Rassure-toi, ton tout viendra. Affirme une voix qui me fit sursauter. »
Ses yeux se plissèrent d'une jubilation malsaine devant ma demande, confirmant que ses motivations étaient malveillantes. Il leva la main en direction de mon visage, instinctivement je reculai quand il enroula entre ses doigts une mèche de cheveux, un geste qui me déstabilisa.
- Angie, ce que j'ai prévu pour toi est bien pire que la mort. Aujourd'hui, tu as perdu ta liberté, je contrôle ta vie, n'est-ce pas la meilleure des vengeances ?
Sa réponse me glaça le sang et je fremissais en sentant ses doigts frôler la peau dans mon cou, me rappelant la sentence que ses crocs allaient m'infliger le lendemain. Je me detournai et me rallongeai sans un mot, regrettant amèrement de lui avoir posé la question.
La combinaison parfaite de son charme obscur et de son attraction charnelle faisait de lui le danger à l'état pur.
Parfois certaines personnes préfèrent ressentir de l'animosité lorsque des sentiments forts apparaissent pour quelqu'un d'autre. C'est une façon de se protéger.
Quand il ne dévoilait pas son côté diabolique, Laurent pouvait se montrer séducteur, et j'aimais cette facette de sa personnalité, elle m'avait attirée les premiers jours.
Dans cette transaction macabre, je n'avais pensé qu'à moi, sans prendre en compte le destin de Lola, j'avais fait appel au pire défaut des êtres humains, l'égoïsme. Dans cet enfer, j'avais définitivement perdu mon âme.
Lentement, il se pencha pour embrasser la peau délicate et chatouilleuse de mon cou. Me délectant de le sentir si proche, je fermai les paupières, m'enfermant ainsi dans une bulle de plaisir.
Au loin, je croisai le regard d'Alban, ses yeux se détournèrent des miens en une attitude détachée qui accentua ma peine, d'autant plus que l'investigateur de notre rupture et de mon malheur m'etreignait au moment même.
J'aurais aimé effacer ce maudit contrat de mordue, les sorciers et tout l'enfer qui tournait autour de moi, Alban ma seule source de plaisir, ne pouvait m'échapper.
Ses prunelles reflétaient une telle colère que lorsqu'il me dévisagea, j'eus l'impression que des milliers de petits couteaux me transperçaient le corps.