Bertie ! La nouvelle de sa mort soudaine lui revint à nouveau comme un coup de poing au creux de l'estomac. Sido lui en voulait de s'être fait la malle sans crier gare. Lui qui affirmait qu'à part un virus que l'on chope, une balle perdue ou l'embardée d'un chauffard, mourir était d'abord une décision personnelle. Mais il n'avait pas eu envie de mourir. Ce n'était pas possible.
A force de respecter le caprice des morts, on s'enterre à l'écart de la vie.
Folle ! Elle était folle de composer le numéro de portable de Bertie.
Bien sûr Sido ne pensait pas sérieusement qu'il allait répondre. La seule raison qui la poussait à faire ce geste n'était pas l'espoir insensé d'entendre sa voix mais de tromper l'attente...
Sido ferma les yeux dans l'espoir fou qu'un acte insensé ferait se rembobiner le temps.
-Mets tes mains sur mes yeux, sois encore mon guide, supplia-t-elle, faisant appel à un rituel d'enfance qui, lorsqu'ils arrivaient pour les vacances à Larnagol, consistait à marcher à l'aveugle, en funambule sur un fil imaginaire.