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Critique de florigny


Ursula Lopez vit à Montevideo, elle est quadragénaire, célibataire, bosse un peu dans la télé-réalité quand elle n'exerce pas son métier de traductrice, et surtout elle est grosse et participe aux réunions des Obèses anonymes. Ursula n'a donc pas tout pour être heureuse.


Il faut attendre l'irruption dans sa vie de deux branquignolles auteurs d'un kidnapping foireux pour que le vent tourne, et donne à Ursula l'occasion de lâcher les chevaux et de permettre à son intelligence d'exprimer toute sa puissance et sa subtilité. Croyant s'adresser à Ursula Lopez, épouse de l'homme enlevé pour lui réclamer une rançon, les pieds nickelés bas de plafond n'envisagent pas un instant une erreur de personne sur une homonyme, mais Ursula, elle, comprend vite le profit à tirer de la situation...


Mercedes Rosende est une nouvelle voix dans le roman noir, singulière, brillante. Elle explore plusieurs thèmes, parmi lesquels l'enfance humiliée, le corps difforme et moqué, la mésestime de soi, la sensation douloureuse de ne pas appartenir au même monde que les autres, d'en être rejeté. Maligne, elle crée une héroïne à la fois attendrissante et ambiguë dont on comprend que le cerveau est un peu monté à l'envers, mais sans bien saisir dans quel sens elle déraille, obligeant le lecteur à rester vigilant pour ne rien louper de ses pérégrinations cérébrales. Par un étonnant mécanisme, elle donne à découvrir à Ursula la grosse, celle dont les miroirs ne lui renvoient que des mauvaises nouvelles, une autre Ursula sûre d'elle, qui mène son petit monde à la baguette, le manipule. Avec de tels ingrédients ne manquant ni de sel ni de piquant, l'uruguayenne propose une intrigue diffractée et une très belle réflexion sur l'identité, la duplicité.


Découverte très appréciée, novatrice, transgressive puisque l'auteure n'hésite pas à piétiner quelque peu les codes du roman noir pour en donner sa version personnelle, je ne peux conclure sans évoquer l'humour noir et la dérision omni-présents qui font de L'autre femme une histoire jouissive tordant (en plus) le cou à certains préjugés sur les obèses.
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