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Critique de Bazart



Petit préambule. Douglas Sirk a eu une carrière fulgurante dans Hollywood de l'après-guerre. Jusqu'en 1959 il réalisa une quinzaine de films, tous remarquables. Il fit de Rock Hudson une star et donna au mélodrame ses lettres de noblesse. Des mélo aux scénarios délirants qu'il magnifiait par une mise en scène élégante, un cadrage parfait et un travail chromatique flamboyant.

Jamais ironique, toujours empathique avec ses personnages, son cinéma était populaire et sincèrement humaniste. Pas étonnant que Fassbinder, Almodovar, Haynes ou Ozon se réclament de son travail. Un cinéphile digne de ce nom se doit d'avoir vu « le temps d'aimer et le temps de mourir » et « le mirage de la vie ».

Mais Douglas Sirk, né Detlef Sierck en 1897 à Hambourg, a eu deux vies. Dans les années trente il est un intellectuel en vue de la République de Weimar. Metteur en scène de théâtre très célèbre, il se lance dans le cinéma au moment où Hitler prend le pouvoir.

Réalisateur à succès mais marié en deuxième noce à une actrice juive, il devra s'enfuir aux Etats-Unis en 1937 laissant derrière lui le fils d'un premier mariage. Klaus né en 1925, élevé par une mère furieusement nazie, deviendra un enfant star, parfait jeune aryen blond, dans les films de la UFA, la société de production la plus importante d'Allemagne dirigée par Goebbels. Klaus Detlef Sierck, fils de Douglas Sirk, mort à dix-neuf ans sur le front de l'Est, symbole sacrifié du cinéma du troisième Reich.

Quel roman historique formidable ! Un mélodrame déchirant comme toute l'oeuvre de Douglas Sirk. Denis Rossano, après un énorme travail de recherche, nous plonge dans l'Europe en feu des années trente. Un récit historique romancé, mais une enquète historique où tout est vrai, dont la construction et la mise en scène rendent la lecture passionnante.

Une image forte s'imprime alors, un père regardant son fils sur un écran de cinéma, seule « image mémoire » d'un fils qu'il n'a pas vu depuis des années et qu'il ne reverra jamais.

Si vous êtes cinéphile cette lecture est indispensable, et si vous n'entendez rien au cinéma mais qu'un jour vous avez été un enfant elle le sera tout autant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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