Même vides les salles de théâtre ne sont jamais desertes......
Les théâtres palpitent tout le temps de milliers d émotions.
Même vides, les salles de théâtre ne sont jamais désertes. Les notes qu’on y a chantées, les pages qu’on y a dites, les âmes qui ont dansé sur la scène ont toutes laissé un bout d’elles-mêmes. Il suffit de fermer les yeux et d’écouter, les Théâtres palpitent tout le temps de milliers d’émotions
- Ce n’est pas l’état de Catherine qui m’angoissait, c’est l’Ehpad : y aller me terrorisait comme s’il s’agissait de mon prochain domicile !
« Lorsque j’ai enfin surmonté ma trouille, je suis arrivé là-bas un jour de chorale. Dans le grand salon de l’Ehpad, une chef d’orchestre tirait de toutes ses forces les voies épuisés d’un demi-cercle de vieillards – vingt voix éraillées égrenait comme elles pouvaient les sous-titres de la chanson de Dalida qu’on leur projetait en mode karaoké :
» Je sais bien que tu l’adores, Bambino, Bambino
Et qu’elle a de jolis yeux, Bambino, bambino…
Mais tu es trop jeune encore, Bambino, Bambino,
Pour jouer les amoureux. »
» Cette chanson qui claudiqué, lento, mollo, pas sano du tout, c’était à pleurer. Catherine était la, hagarde au milieu de cette assemblée de fauteuils roulants, et alors je me suis vu, je t’assure… vu à côté d’elle, en survêt lamentable, édenté et gâteux. la vraie bombe, c’est celle-là, celle qui ne me tuera pas et me maintiendra en vie mais en ruine !
Coup de massue supplémentaire, un des choristes a fait rouler son fauteuil jusqu’à moi pour demander : « c’est vous le nouveau ? » Et j’ai soudain réalisé pourquoi pas moi en effet ? après tout j’ai l’âge réglementaire pour déposer un dossier d’admission dans un Ehpad. (Catherine et moi, on est nés la même année !)