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Critique de JIEMDE


Marilyn backstage : quelques instantanés pour une autre histoire de Norma Jean.

Loin des biographies « clichés » habituelles, c'est une histoire d'amitié que nous propose Norman Rosten dans Marilyn Ombre et lumière, traduit par François Guérif himself et opportunément réédité par Seghers. Des réminiscences et quelques fulgurances de ce poète US qui fut un des rares amis proches de Marilyn durant les sept dernières années de sa vie.

Pas de recherche d'exhaustivité ici, ni de stricte chronologie et encore moins de scoops. Juste la mise en relief par quelqu'un qui l'a vécu de cet incroyable contraste entre la Marilyn publique et la Norma Jean au quotidien, engagée dans la spirale inexorable de la solitude médicamenteuse et alcoolisée.

Une femme adulée, qui voit le regard et le désir des hommes, qui sait le regard et le désir des hommes, et qui aime le regard et le désir des hommes. Et sa fascination ne s'exerce pas que sur les hommes : « Beaucoup de femmes se sentaient attirées par elle, probablement parce qu'elles étaient plus conscientes que les hommes de son extrême vulnérabilité. » Oui, mais le regard et le désir, ça ne fait pas de l'amour tout ça.

« Elle comprenait la solitude des autres ». Une femme attentive à autrui, comme en témoigne sa prévenance avec Rosten ou sa façon en société d'essayer de mettre chacun à l'aise. Et en même temps, sa crainte, de l'autre : « Ça me fait peur. Tous ces gens que je ne connais pas ; ils sont parfois si émotifs. Je veux dire, s'ils vous aiment tant sans vous connaître, ils peuvent de la même façon vous haïr. » Une lucidité froide, à l'opposé de l'image d'ingénue si souvent véhiculée.

Une soif de se cultiver dont Rosten témoigne à travers les mots simples de celle qui découvre et s'enflamme pour la grâce d'une sculpture de Rodin, le charme des mots de Dostoïevski ou le mystère de la poésie : « Elle me tendait souvent un bout de papier avec quelques mots dessus, et demandait :
- Penses-tu que c'est de la poésie ? Garde-le, tu me diras. »

« Elle aimait la poésie. Elle comprenait, avec l'instinct d'un poète, que la poésie menait au coeur des choses (…) Et quelque part au fond d'elle-même, elle ressentait une vérité primordiale : que la poésie est liée à la mort ».

Que celles ou ceux qui pourraient s'inquiéter du manque de paillettes du livre, se rassurent. On y croise Miller, ce « Cerveau qui avait voulu épouser le Corps », Montand, Sinatra, di Maggio, Kennedy, Gable et tant d'autres.

Mais l'essentiel chez Rosten n'est pas là, préférant s'attarder sur les failles et les contrastes que sur la légende : « le destin et elle, semblaient cheminer côte à côte, je pense qu'il avait un peu peur d'elle ». Et de conclure sans conclure « Elle nous hante avec des questions auxquelles nous ne pourrons jamais répondre… Toute beauté est mystère. »

Ne reste plus alors que la poésie de Norma Jean, magnifique et glaçante, pour ce livre indispensable à qui s'intéresse à la femme derrière le mythe :
« À l'aide à l'aide
À l'aide je sens la vie qui se rapproche
Quand tout ce que je veux, c'est mourir. »
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