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Critique de mariecesttout


Neuvième-et dernier roman mettant en scène un des doubles de l'écrivain, Nathan Zuckerman. Un Nathan Zuckerman parti se réfugier dans la campagne du Massachusetts, après avoir reçu des menaces de mort d'un fanatique religieux antisémite. Onze ans pendant lesquels il a coupé tout lien avec sa vie antérieure, ne s'intéressant plus qu'à une chose, son travail.

"A tout prendre, être affranchi du besoin de jouer un rôle était préférable aux tiraillements, à l'agitation, aux conflits, au sentiment de totale inutilité et de dégoût qui, lorsqu'on vieillit, peuvent rendre moins que désirable cette grande diversité dans les rapports humains qui fait partie intégrante d'une vie riche et bien remplie. ..Je m'étais éloigné de la tyrannie de mon caractère passionné- ou peut être l'avais-je, en vivant retiré pendant plus d'une décennie, simplement cultivé avec délices sous sa forme la plus austère. "

Et qui, opéré d'un cancer de la prostate, avec les conséquences physiques de cette intervention, c'est-à-dire impuissance et incontinence urinaire ( et Roth n'épargne rien à son personnage..) , souffrant aussi d'une mémoire de plus en plus défaillante, va revenir à New York pour tenter un traitement .
C'est le cadre du roman, qui se situe au moment de la réélection de GWB.
Après, l'histoire importe peu, finalement. Ou si, bien sûr, si on l'interprète de façon métaphorique . Mais..:
"Dès que l'on entre dans les simplifications idéologiques et dans le réductionnisme biographique du journalisme, l'essence de l'oeuvre d'art disparaît."

C'est bien sûr beaucoup plus que l'histoire de huit jours d 'ouverture du champ des possibles dans la vie d'un écrivain qui voit disparaître tout ce qu'il était. Ouverture qui se referme vite devant la triste réalité des impossibilités physiques. Reste le fantasme dans l'écriture, mais l'écriture quand la mémoire disparait ..
Parler de tout ce qu'il y a dans ce livre, d'écrit, ou de simplement évoqué, je m'en garderais bien , à chacun sa lecture. Un des thèmes abordés étant d'ailleurs une condamnation ironique de ces biographies qui recherchent à tout prix l'explication de l'oeuvre dans la vie privée de l'auteur.

Cependant un roman qui condense toutes les obsessions de Philip Roth, encore une fois admirable de lucidité ,de finesse et d'intelligence.
Mais à réserver aux inconditionnels- comme moi- c'est de plus en plus désespéré. Et désespérant .


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