Mickey Sabbath vieilli et se trouve entouré de fantômes qui autrefois constituaient son entourage (la famille, les amis, les maîtresses,…). Toutefois, tout comme ses doigts qui avant lui servaient à mettre en scène un spectacle de marionnettes de rue un peu sulfureux et qui aujourd'hui se déforment sous l'effet de l'arthrose, son entourage se délite, s'effrite jusqu'à ne devenir que poussière et foutre. Parce que
Philip Roth ne fait pas dans la dentelle : son personnage central est obscène jusqu'à l'écoeurement. Les tabous volent en éclats dans ses pages glorifiant la liberté d'agir et de penser. On se pisse dessus, on sodomise, on renifle des culottes d'adolescente, on pousse au vice tout le temps, pour n'importe quelle raison. Est-ce pour tromper l'ennui que Sabbath provoque avec hardiesse ses semblables ? Le fait-il par conviction ou est-il pousser par une force obscure et malsaine qui trouverait son origine dans un legs culturel et spirituel trop pesant ? On a tendance à croire qu'il agit sous la seule autorité aveugle et despotique de ses couilles tant la systématisation dans la libération de ses pulsions est profonde. Mais son passage remarqué chez son ami de jeunesse Norman à New-York, durant lequel Sabbath substitue 10 000 dollars, recherche de photos compromettantes pour se masturber, viole la femme de ménage, se branle dans les culottes de la fille de son ami et tente de corrompre sa femme, l'amène pour la première fois à s'expliquer sur sa conduite déviante. Dans un passage remarquable, il ébauche alors une théorisation de ses actes qui donne un peu de substance à sa vie dépravée. Mais ce n'est pas pour autant que le pauvre Sabbath pourra se sortir du piège que la vie lui a tendu en le laissant sur terre, seul avec sa bite entre les mains.
Rendons hommage à ce grand auteur qui secoua l'Amérique puritaine avec ses excentricités tellement humaines qu'elles en deviennent tragiques et grotesques à la fois.
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