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Critique de MarieC


Un excellent roman, dans lequel l'auteur réussit avec brio à tisser deux fils.

Le livre commence comme un récit autobiographique : le jeune Philip grandit avec ses parents et son frère ainé dans un milieu juif modeste du New Jersey, au tout début des années 40. Et l'ambiance est admirablement bien retracée : les pavillons partagés par deux familles, les réunions de parents d'élèves, les collections de timbres des enfants, les soucis professionnels de ces petits employés et commerçants... Tout un univers retracé de mémoire, dans lequel on vit entre soi, en ignorant les communautés voisines.

Et puis le roman bascule, au cours de la campagne présidentielle de 1940. Car dans le roman, le candidat républicain s'appelle Charles Lindberg, auréolé de ses prouesses aériennes, bénéficiant de la sympathie populaire suite à l'enlèvement de son bébé. Et Lindberg défend (comme dans la réalité) des idées proches du nazisme : antisémitisme, admiration d'Hitler, isolationnisme... Dans les milieux juifs, l'inquiétude grandit, et s'épanouit lorsque Lindberg gagne les élections.

Et peu à peu, l'univers du jeune Philip se transforme : l'antisémitisme s'affiche davantage, la peur règne dans les familles, son cousin choisit de se battre contre les nazis en Europe, son frère est envoyé faire les moissons en milieu chrétien... Une évolution lente, insidieuse, semblable à celle qu'ont déjà raconté beaucoup de témoignages sur l'Allemagne des années 30. Mais là, le procédé uchronique vient appuyer une réflexion critique : quand il n'y a pas de recul historique sur ce genre d'évolution, où fixer la limite entre l'anodin et l'insupportable ?

Portée par le réalisme du récit, la réflexion est d'une efficacité redoutable... Un livre à recommander tant à ceux qui réfléchissent sur le fascisme, qu'à ceux qui aiment tout simplement la littérature. Même si la fin est un peu rapide et moins subtile que le reste du roman.

sur deux niveaux. Je garderai sans doute très longtemps en mémoire l'ambiance d'une communauté juive du New Jersey, dans les années 40, vue de l'intérieur et à hauteur d'enfant
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