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sur 1317 notes
Juin 1940, la communauté juive de Weequahic à Newark est en effervescence , le candidat républicain Charles Lindberg, célèbre aviateur, pro nazi et anti guerre a gagné les élections présidentielles face à Franklin Delano Roosevelt.
Dans la famille Roth vient d'abord la stupeur puis l'indignation et enfin la peur.
En 1940 " Israël n'existait pas encore; en Europe, six millions de juifs n'avaient pas encore cessé d'exister".
Le petit Philip a sept ans et voit avec ses yeux d'enfants le changement qui est entrain de s'opérer dans son pays. La montée du nationalisme, du racisme bref de " l'American first".
" le complot contre l'Amérique" de Philip Roth est un roman écrit en 2004 mais tellement actuel, une uchronie certes mais quand on lit le post-scriptum en fin de roman on se dit que les antisémites comme Henry Ford ou Charles Lindberg auraient pu faire basculer l'histoire….
Pour celles et ceux qui ont envie de connaitre Philip Roth et son oeuvre je vous conseille " le complot contre l'Amérique " un roman facile d'accès.
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« C'est un livre qui représente trois ans de travail » déclarait Philip Roth dans un entretien de 2004, à la sortie de ce roman. Trois ans de travail et quel roman ! Je veux donc prendre quelques petites minutes pour en écrire quelques lignes.

L'originalité de ce roman historique est de mêler intimement la grande et la petite histoire. Alors que d'habitude la fiction vient de la petite histoire, ici elle vient avant tout de la grande Histoire, où les hommes célèbres deviennent personnages. Il s'agit aussi d'autobiographie, celle de Philip Roth, peut-être aussi de sa vraie famille. Lindbergh était vraiment indigné par la perspective de l'entrée en guerre des États-Unis. le romancier a brodé à partir de là.

Roth nous montre la corruption et nous explique l'argent : Monty et les riches étaient prêts à tout pour l'être. le salut vient de l'ironie : les pamphlets de Winchell font mouche, même s'il finit par en mourir.
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Quelle très heureuse surprise que cette lecture !

Hé non, je n'avais jamais lu Philip Roth. Hé non je ne suis pas férue de littérature "étatsunienne". Hé oui j'en ai quelque peu assez des livres sur les deux guerres mondiales.

Et pourtant, ce livre m'a ravie. C'est une très belle écriture, une très belle histoire, bien menée, bien argumentée et qui, en plus, m'a fait connaître un pan de l'histoire américaine que j'ignorais. Pour moi, Charles Lindbergh, c'est le héros de l'aviation qui a traversé l'Atlantique, sans connaître son soutien au mouvement "First America", isolationniste, Hitlerofile et antisémite forcément. ("First America" à ne pas confondre avec une personnalité de l'actualité qui s'est promue sous le slogan "America first" de son cru, même s'il a essayé d'être président du mouvement "First America" lors de sa renaissance en 2002, Trump pour ne pas le citer.)

Cette uchronie, qui suppose que Roosevelt n'obtient pas son troisième mandat, mais que c'est lui, Charles Lindbergh qui devient président des Etats-Unis en 1940, est tout simplement prenante d'un bout à l'autre et m'a appris beaucoup de choses sur l'histoire américaine de 1940 .... et de nos jours.

A mettre entre toutes les mains donc.



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"Il est à présent garanti que notre grand pays n'entrera pas dans le conflit d'Europe".

On est en 1940 et Charles Lindbergh devient président républicain des Etats Unis d'Amérique.
Par cette position négociée de neutralité, refusant d'engager le pays dans le conflit, la "démocratie" américaine rentre de facto dans la triple alliance de l'Axe, aux cotés de l'Allemagne et du Japon.

Vous ne rêvez pas...
Philip Roth nous entraine dans un twist historique où la planète se retrouve la tête à l'envers. le fascisme assumé et l'isolationnisme de cette nouvelle présidence conduisent la sarabande de nouveaux comportements humains les plus incongrus dans le pays des libertés individuelles. Et quid de la position gouvernementale envers les juifs? le pire est-il à craindre?
L'Histoire se refait, en miroir...

A travers le quotidien d'une famille juive typiquement américaine, le mécanisme des dérives sectaires est décortiqué avec brio, humour et ironie. La nature humaine s'avère particulièrement créative pour réinventer toutes formes d'antisémitisme, de ségrégation ou d'assimilation. Et la vieille peur ancestrale retrouve dans ce terreau toutes les raisons de ressurgir.

A l'image du pays, la famille va se fragmenter en camps opposés sous l'oeil apeuré du plus jeune, qui va faire, par des interprétations anxieuses de l'attitude des adultes, un apprentissage accéléré de la vie de "bon américain".

Une livre jubilatoire, une uchronie développée au plus prêt du réel, portée par l'écriture généreuse de son auteur.
Démonstration magistrale!
Philip Roth est vraiment un grand Monsieur des lettres américaines.

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Waouh. Quel roman .Une nouvelle fois, Roth nous livre une brillante uchronie à vous glacer les sangs. Partant de la défaite de Roosevelt lors des présidentielles en faveur de Lindberg (antisémite notoire et près à faire allégeance au fuhrer), l'auteur continue de sonder l'Amérique et ces contradictions, et force est de constater que la fiction est assez flippante. L'idée géniale du roman, vient dans le choix de Roth d'imaginer ce qu'aurait pu être la face du monde si cette hypothèse était arrivée, de la regarder à travers le regard d'un enfant juif, le narrateur ( Roth lui-même) dans sa famille, dans sa communauté et plus largement dans cette Amérique si fière de brandir l'étendard de la liberté chez les autres et d'être ultra protectionniste envers elle.
L'auteur de Newark mèle habilement faits historiques avérés et fiction pour donner un regard à la fois passionnant, foisonnant et terrifiant. Rien à dire, Roth fait partie des très grands.
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«Mais personne peut battre Roosevelt, dis-je.
-Lindbergh va le battre. L'Amérique sera fasciste.» (p. 46)
Évidemment, dans la vraie vie, ça ne s'est pas produit. Ça ressemble plus à un scénario de film catastrophe. Mais Philip Roth s'est pris à imaginer le pire : et si c'était arrivé ? Et si Lindbergh avait réussi à gravir les échelons de la convention républicaine et à voler son troisième mandat présidentiel à Roosevelt ? Ce n'est pas si fou. En 1940, Charles Lindbergh est un pionnier de l'aviation, une étoile montante, une vedette. Partout, les foules se dépalcent pour le voir, l'écouter. Et il a beaucoup à dire. Leader du mouvement America First, il est un ardent défenseur de l'isolationnisme, du maintient des Etats-Unis hors de la guerre. Pire, il est germanophile (comme beaucoup d'Américains aux origines allemandes et scandinaves), sympathique au régime nazi. L'avenir de ce grand pays, de ses citoyens juifs et du monde entier aurait été tout autre. C'est le complot contre l'Amérique.

Avec un tel individu comme président, comment l'histoire aurait-elle été modifiée ? Lindbergh signerait plutôt un pacte de non-agression avec Hitler. On oublie la participation directe des Etats-Unis dans la Seconde guerre mondiale, mais on oublie également l'aide matérielle et financière au Royaume-Uni pour soutenir son effort de guerre. Ainsi, l'issue du conflit aurait été très différente sur le Vieux Continent.

Toutefois, l'attention de Philip Roth porte surtout sur le sort des Juifs américains. En quoi aurait-il été changé ? Évidemment, les Etats-Unis ne sont pas l'Allemagne. Ce dernier pays remplissait certaines conditions qui l'ont transformé en ferreau fertile à l'essor du nazisme. L'auteur n'imaginait pas des ghettos, des chambres à gaz ni la Shoah en Nouvelle-Angleterre. du moins, pas dans les premières années. Plutôt, l'antisémitisme galopant aux Etats-Unis aurait pris une tournure différente… Plus subtile. Plus terrifiante.

Vraisemblablement, tout aurait commencé graduellement. On aurait sollicité, forcé des leaders juifs à se montrer conciliants, coopérants. On aurait envoyé les enfants juifs dans des camps de «vacances» où ils auraient été pris en charge par des bons chrétiens qui leur auraient appris les «bonnes valeurs». On aurait imposé des «promotions» à leurs parents dans des endroits reculés du pays, loin des leurs, où il leur aurait été difficile de continuer à pratiquer leur religion. Petit à petit, leurs droits auraient été restraints, pour leur propre intérêt. Pourquoi s'opposeraient-ils à toute mesure visant leur meilleure intégration dans la société américaine ? Ce serait très peu patriotique de leur part. Bref, ce qui aurait été envisagé, c'est l'assimilation, purement et simplement. Et en dernier recours seulement, les violences et la solution finale.

Tout le génie de Philip Roth et de Complot contre l'Amérique, c'est d'entremêler de façon habile les faits histoires à son intrigue. Les propos fascistes de Lindbergh, ceux antisémistes de Henry Ford, les propos incendiaires de Walter Winchell, etc. À la fin, un post-scriptum d'une quarantaine de pages de références et de biographies ayant servi à rédiger son livre. Ça ajoute à la crédibilité de l'oeuvre qui constitue un véritable coup de poing lancé à la gueule des Etats-Unis. On entend souvent les leaders et les élites américaines ressasser leurs sacro-saints droits fondamentaux, en arbitre du monde libre. Pourtant, on sait qu'ils sont les premiers à renier ces droits et libertés quand cela leur convient. Et c'est bien de leur rappeler qu'ils ne sont pas parfaits et que leur pays aurait pu facilement basculer du côté fasciste. Personne n'est à l'abri du populisme et de ses conséquences.

Un seul aspect m'a moins emballé, et c'est la fin. Toute cette histoire d'enlèvement de l'enfant des Lindbergh (qui s'est réellement produit) a été recyclée pour faire partie d'un complot aux envergures effrayantes. Il s'agit d'une théorie qui existe réellement bien que peu y accordent foi. Certains lecteurs l'apprécieront ; moi, j'ai trouvé que c'était inutilement complexe, que cela provoquait trop de rebondissements qui nous éloignaient de l'essentiel. À vous de voir.
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America first.

L'aviateur Charles Lindbergh a gagné les élections présidentielles de 1940. Les Juifs américains craignent le pire.

C'est une excellente uchronie. Philip Roth raconte les années de plomb où Lindbergh fût président des États-Unis. L'ensemble est très réaliste, l'auteur a fait un immense travail d'historien, le moindre point de détail, les réactions des personnalités de l'époque semblent authentiques.

Mais un autre point contribue à rendre l'ensemble "réel", c'est l'insertion de la famille Roth. Je n'étais pas convaincue par le procédé au départ, mais le résultat est stupéfiant. J'ai vraiment eu l'impression de lire les souvenirs d'enfance de Philip Roth.

L'intrigue est un véritable plaisir à lire. Les États-Unis n'ont jamais été aussi proches de sombrer dans le fascisme. Les Juifs craignent de plus en plus pour leur sécurité suite aux déclarations antisémites de Lindbergh. La population américaine lui est acquise aux trois quarts, et plus rien ne semble pouvoir stopper la propagation du nazisme.

Bref, un excellent roman. Je lirais d'autres récits de Philip Roth.
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J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir le grand Philip Roth grâce à ce roman à la fois uchronique, politique et familial, tout à la fois sérieux et très solidement documenté, et en même temps irrésistiblement sarcastique et auto-dérisoire !
Le jeune Philip Roth de 8 ans nous raconte la vie imaginée de sa famille à Newark, New Jersey au début des années 1940, si le Président Roosevelt avait été battu aux élections par Charles Lindbergh, l'aviateur, isolationniste affirmé et antisémite notoire. Ce courant, porté par le mouvement America First, était assez fort aux É-U au début de la Seconde Guerre Mondiale et Philip Roth «s'amuse» à imaginer comment les événements auraient pu se dérouler s'il avait été porté au pouvoir.
Les chapitres alternent entre la scène politique américaine et mondiale, et ses impacts sur la famille Roth. C'est de loin cet aspect que j'ai préféré, alors que Philip raconte avec un humour noir déstabilisant des faits dramatiques comme le cousin Alvin qui part faire la guerre et en revient amputé d'une jambe (tout un chapitre intitulé «Le Moignon»), son frère aîné qui se fait endoctriner par le mouvement «Des Gens parmi d'autres» qui vise à «déghettoiser» les juifs américains, sa tante qui marie un influent rabbin Juif qui se rallie aux politiques de Lindbergh, et son jeune voisin Seldon et sa mère qui sont envoyés (déportés?) au Kentucky avec des conséquences tragiques, tandis que la violence monte au pays à l'encontre des Juifs... Si comme moi vous n'avez pas une connaissance approfondie des figures politiques américaines de cette époque, vous voudrez peut-être lire d'entrée de jeu le post-scriptum qui relate la vraie biographie des personnages du roman qui ont vraiment existé.
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Une vraie prouesse que ce roman du grand Philip Roth, qui prend comme postulat l'accession au pouvoir de Lindberg, pro-Hitler en 1940... Et si... Et si les Etats-Unis avaient pratiqué la discrimination antisémite ? Et s'ils n'étaient jamais entrés en guerre ? Voilà dans ce contexte le quotidien de la famille juive du petit Philip, en butte à la violence politique.
Un roman assez épatant, passionnant, très bien écrit, auquel je ne reprocherais que la fin, quand on lâche le jeune narrateur pour arriver à une narration journalistique des événements, la rupture de ton m'a gênée.
A part ça, un bon moment de lecture, pas très facile d'accès mais très stimulante !
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Cette uchronie présentait des ingrédients alléchants, mais malheureusement ces éléments seuls ne peuvent garantir une recette réussie.

Le postulat de départ est que Roosevelt n'est pas réélu en 1940 et que Lindbergh devient président des États-Unis. Là où ça se corse, c'est que Lindbergh est partisan de l'America first et qu'il décide de rester neutre et de ne pas se mêler du conflit qui fait rage en Europe. Pis, il adopte une politique qui présente de sérieuses accointances avec l'idéologie nazie. Et pour cause, Ribbentrop, ministre allemand (et nazi va sans dire) des affaires étrangères est accueilli en grandes pompes et avec les honneurs... Dans ce contexte, la vie des Juifs américains se détériore petit à petit et Philippe Roth prend le parti dans son histoire d'incarner lui-même le narrateur, enfant témoin de ces temps bousculés.

Le titre pourrait faire penser à une histoire palpitante, or le rythme adopte la lenteur de la vie quotidienne d'une famille juive. La narration m'a semblé peu harmonieuse car elle s'écarte du contexte individuel des personnages pour durant un certain nombres de pages nous donner une vision géopolitique et macroscopique, pour revenir à ce quotidien d'enfant de 10 ans qu'est Philippe Roth dans l'histoire. Certains passages et certains personnages sont tout de même attachants, mais pour moi c'est la lenteur et pour finir l'ennui qui prédominent. J'attendais désespérément que l'histoire décolle et je n'ai pas volé bien haut.

Je me suis fait en outre la réflexion que dans le contexte de l'Amérique ségrégationniste, pourquoi l'auteur n'a-t-il fait aucun rapprochement avec la même injustice avec laquelle étaient traités les Afros-Américains ?

Bref, il y avait là matière à créer une bonne histoire et surtout à nous apporter un éclairage qui donne à réfléchir, mais je n'ai pas accroché à ce qui en a été fait.

Peut être cela vient-il de moi et du fait que parallèlement je suis occupée à la lecture d'un livre historique ("Holocauste" de Laurence Rees) dont la réalité cruelle est tellement criante que ce roman m'ait paru bien fade.
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