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Critique de JeanLouisBOIS
Ce qu'il nous reste des Vikings.
Les beaux livres ont le double avantage d'avoir un format généreux et d'être abondamment illustrés. Dans La Grande Saga des Vikings, Christophe Rouet tire profit de ces avantages tout en gardant une certaine exigence et une certaine densité en ce qui concerne le texte. L'archéologie, l'histoire, la religion, la culture, les modes de vie, les sagas, les mythologies, l'intérêt des romantiques au XIXè et des nationalistes au XXè siècle sont mis à contribution pour cerner au plus près le phénomène viking dans son ensemble jusqu'à nos jours.
On retiendra tout d'abord une zone d'expansion formidable comprenant l'Islande, le Groenland et Terre-Neuve mais aussi l'Irlande, la (Grande-)Bretagne, l'ensemble des côtes de la Baltique, de la mer du Nord, de la Manche et de l'Atlantique ainsi que la plupart des zones accessibles par les fleuves, et encore le nord de L'Afrique et la partie européenne de la Russie jusqu'à Constantinople. Ces conquérants, venus de Scandinavie et du Danemark actuels, se révèlent aussi de remarquables commerçants et de précieux mercenaires. Ils surprennent par leur grande capacité d'assimilation avec les populations locales (Normandie) et même leur capacité à diriger des pays entiers (Angleterre, Islande).
On n'oubliera pas leur christianisation progressive et fragile. En effet, ces polythéistes viendront à la religion du Christ autant par intérêt que par conviction et conserveront longtemps des réticences sur certains articles de foi.
On prendra la mesure de l'importance de la tradition orale dont les épopées et les sagas seront fixées à l'écrit tardivement par ceux qu'ils auront conquis, nous privant ainsi de la connaissance de leurs sentiments et de leurs objectifs lorsqu'ils déferlent loin de leurs côtes à partir du IXè siècle.
On se rappellera de la récupération par les romantiques au XIXè et par certains nationalistes au XXè siècle des prétendues qualités exceptionnelles de ces hommes du nord dont la réputation a su traverser les âges. Mais, avec l'écart des siècles, on leur a évidemment attribué des sentiments et des valeurs qui en disent davantage sur ceux qui mettaient en avant «leur» héritage des Vikings que sur les peuples nordiques.
Faisant de nombreuses références à l'historien Régis Boyer, ce livre constitue une solide approche de l'univers viking. L'auteur nous montre surtout des hommes courageux, déterminés, âpres au gain, profitant principalement des divisions de leurs adversaires, mais, somme toute, des conquérants ordinaires du haut Moyen-Age ! Leur réputation provient en partie du fait qu'on les connait par ceux qu'ils ont effrayés et subjugués. Les illustrations diversifiées et bien choisies ainsi que les différents glossaires permettent une immersion culturelle sérieuse et réussie. Il est d'autant plus regrettable que cet ouvrage n'ait pas fait l'objet d'une relecture attentive (nombreuses erreurs grammaticales, lexicales ou syntaxiques ; notamment pp. 121, 131, 148, 151, 156, 172 …) et d'un brochage plus solide (début de décrochage de certaines feuilles). Un livre à conseiller chaleureusement, malgré tout !!
NB : Lu dans le cadre de Masse Critique Graphique, un grand merci aux Editions de Borée.
Les beaux livres ont le double avantage d'avoir un format généreux et d'être abondamment illustrés. Dans La Grande Saga des Vikings, Christophe Rouet tire profit de ces avantages tout en gardant une certaine exigence et une certaine densité en ce qui concerne le texte. L'archéologie, l'histoire, la religion, la culture, les modes de vie, les sagas, les mythologies, l'intérêt des romantiques au XIXè et des nationalistes au XXè siècle sont mis à contribution pour cerner au plus près le phénomène viking dans son ensemble jusqu'à nos jours.
On retiendra tout d'abord une zone d'expansion formidable comprenant l'Islande, le Groenland et Terre-Neuve mais aussi l'Irlande, la (Grande-)Bretagne, l'ensemble des côtes de la Baltique, de la mer du Nord, de la Manche et de l'Atlantique ainsi que la plupart des zones accessibles par les fleuves, et encore le nord de L'Afrique et la partie européenne de la Russie jusqu'à Constantinople. Ces conquérants, venus de Scandinavie et du Danemark actuels, se révèlent aussi de remarquables commerçants et de précieux mercenaires. Ils surprennent par leur grande capacité d'assimilation avec les populations locales (Normandie) et même leur capacité à diriger des pays entiers (Angleterre, Islande).
On n'oubliera pas leur christianisation progressive et fragile. En effet, ces polythéistes viendront à la religion du Christ autant par intérêt que par conviction et conserveront longtemps des réticences sur certains articles de foi.
On prendra la mesure de l'importance de la tradition orale dont les épopées et les sagas seront fixées à l'écrit tardivement par ceux qu'ils auront conquis, nous privant ainsi de la connaissance de leurs sentiments et de leurs objectifs lorsqu'ils déferlent loin de leurs côtes à partir du IXè siècle.
On se rappellera de la récupération par les romantiques au XIXè et par certains nationalistes au XXè siècle des prétendues qualités exceptionnelles de ces hommes du nord dont la réputation a su traverser les âges. Mais, avec l'écart des siècles, on leur a évidemment attribué des sentiments et des valeurs qui en disent davantage sur ceux qui mettaient en avant «leur» héritage des Vikings que sur les peuples nordiques.
Faisant de nombreuses références à l'historien Régis Boyer, ce livre constitue une solide approche de l'univers viking. L'auteur nous montre surtout des hommes courageux, déterminés, âpres au gain, profitant principalement des divisions de leurs adversaires, mais, somme toute, des conquérants ordinaires du haut Moyen-Age ! Leur réputation provient en partie du fait qu'on les connait par ceux qu'ils ont effrayés et subjugués. Les illustrations diversifiées et bien choisies ainsi que les différents glossaires permettent une immersion culturelle sérieuse et réussie. Il est d'autant plus regrettable que cet ouvrage n'ait pas fait l'objet d'une relecture attentive (nombreuses erreurs grammaticales, lexicales ou syntaxiques ; notamment pp. 121, 131, 148, 151, 156, 172 …) et d'un brochage plus solide (début de décrochage de certaines feuilles). Un livre à conseiller chaleureusement, malgré tout !!
NB : Lu dans le cadre de Masse Critique Graphique, un grand merci aux Editions de Borée.
