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Critique de CDemassieux


Voici donc un essai savant, qui n'intéressera que les intéressés, méticuleux et sans envolée lyrique particulière…
Mais si vous êtes touché par cet art venu des profondeurs du temps et vieux, pour certaines oeuvres, de plus de 30.000 ans, alors cet ouvrage vous ravira, riche par ailleurs de nombreuses planches en noir et blanc qui aident considérablement à comprendre le propos. À noter que l'auteur se focalise sur l'art préhistorique de l'Europe occidentale.
Alain Roussot, décédé en 2013, a ainsi consacré sa vie à la Préhistoire et s'est spécialisé dans l'art pariétal (peintures et gravures rupestres) et mobilier (gravures sur os & bois de rennes, sculptures, etc.). Il fut aussi conservateur du Musée d'Aquitaine. D'où, peut-être, pour cet éminent spécialiste, la concision et la clarté du texte, qui avance à la lumière des recherches de jadis (où plane la figure de l'abbé Breuil, défricheur de l'art préhistorique, tant sur le terrain que dans ses travaux) et contemporaines, tout en gardant un oeil critique.
On découvre donc un formidable bestiaire, qui va du mammouth à la sauterelle. L'homme n'est pas en reste, particulièrement la femme, avec certaines parties spécifiques de son corps comme la vulve, ce qui renvoie au pouvoir de reproduction.
Hélas, pour des raisons de conservation de ces oeuvres particulièrement fragiles (lorsqu'elles ne sont pas tout simplement en voie de disparition comme dans la grotte de Gouy, en Seine-Maritime), il faut souvent se contenter de photos ou de reproductions grandeur nature (voir Chauvet ou Lascaux). Peu de sites sont ouverts en effet. Toutefois, Rouffignac ou Pech Merle (pour ne citer que ces deux grottes ornées dont il est souvent question dans le livre de A. Roussot) sont accessibles et constituent une pure merveille.
Au détour d'un chapitre, à propos des signes et symboles découverts çà et là dans les grottes, on se prend à rêver : « C'est, en quelque sorte, une véritable écriture, avant la lettre et avant l'époque, dont hélas nous ne possédons pas encore la pierre de Rosette, ni ne connaissons notre Champollion. » Espérons que cela changera…
A. Roussot montre aussi la fragilité des affirmations des uns et des autres ; fragilité qui, parfois, ne résiste pas à de nouvelles découvertes ainsi qu'aux nouvelles technologies. Par exemple, l'évolution du style ne peut plus être considérée comme linéaire dans le temps, surtout depuis la découverte de Chauvet dont les peintures et gravures (datées autour de 30.000 ans) n'ont rien à envier à celles de Lascaux, vieilles d'environ « seulement » 17.000 ans.
Maintenant, la question cruciale que tous se posent : pourquoi l'art préhistorique ? pour reprendre le titre d'un ouvrage de Jean Clottes. Voici ce qu'en dit A. Roussot : « Tenter de comprendre les motivations et la signification de l'art préhistorique est donc périlleux, mais une telle curiosité est légitime car on ne peut considérer cet “art” comme une simple manifestation purement esthétique. »
Quoi qu'il en soit, et au-delà de tout analyse, cet art est un voyage émouvant parce qu'il parle de nos origines…
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