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Critique de Sharon


Sharon
14 décembre 2020
Pendant 550 pages, plongez-vous au coeur de l'Afrique du Sud, et croyez-vous, ce n'est pas forcément facile à suivre. Il ne s'agit pas tant de la construction du livre que de la complexité de la société sud-africaine. Prenons Annette, le premier personnage avec lequel nous faisons connaissance. Elle est mère au foyer, son petit dernier, Callum, a huit mois. Elle et sa famille ont emménagé dans un quartier ultra-sécurisé, qui offre toutes les protections possibles et imaginables à ceux qui y vivent. Certes, il ne faut pas oublier de fermer les portes à clef. Certes, il faut que le gardien garde l'oeil ouvert. Certes, il ne faut pas que l'on tombe sur cette "heure pour la planète", cette heure où, pour mieux faire prendre conscience du réchauffement climatique et des dépenses engendrées, tous doivent éteindre les lumières. Quand elles furent rallumées, la vie d'avant n'avait pas vraiment repris.
C'est peu de dire que les enquêteurs sont sur les dents. C'est plutôt qu'ils doivent parvenir aussi à régler les conflits internes afin d'enquêter. Ce peut être des conflits intimes, comme celui entre Persy et Tucker, coéquipiers et amants, le tout sous la direction de Dina, métisse et femme de Tucker. Persy est née dans les townships - et oui, sa couleur de peau peut poser problème. Tucker est blanc, et il a l'impression que la nouvelle politique le défavorise, qu'il ne montera jamais en grade puisqu'il est un homme, puisqu'il est blanc. Et pourtant, il est un excellent enquêteur, méticuleux, soigneux, précis - un policier qui veut que ceux qu'il arrête soient condamnés. Comme si ce n'était pas le cas de tout le monde.
Des policiers, il en est d'autres, qui ont une certaine vision de leur mission, une certaine manière de nettoyer les rues de ceux qui gênent - SDF, prostituées, drogués, personnes qui ont réussi à survivre envers et contre tout. Ce qui m'a frappé dans ce roman est le logement - ou comment se loger est extrêmement difficile, et devient un marqueur de votre position sociale. Persy ? Elle a eu la chance de trouver un logement, petite maison dans la cour d'une autre maison. Elle n'est pas la seule à sous-louer ainsi, elle a seulement la chance d'avoir un logement décent, ce qui est pas le cas de tous, surtout pas de Mandisa, qui grandit entre sa soeur aînée, le bébé de celle-ci, son frère et sa mère, femme de ménage dont elle a l'impression qu'elle préfère la famille de blanc qu'elle sert à la sienne. Il peut en naître, des drames, sur une incompréhension mutuelle.
Une enquête, puis deux enquêtes. Deux disparitions, puis une troisième, et l'arrivée dans l'enquête de Marge Labuschagne. Elle a déjà travaillé avec Persy, elle la connait en fait depuis très longtemps, du temps où Marge était profileuse, et Persy, diminutif de Perséphone, une petite fille dont le frère avait disparu, avant que ce soit sa mère qui lui fasse faux bond - définitivement. Marge connaît les failles de Persy, ses douleurs, elle est sans doute la seule. Et Marge ? Elle aussi n'a pas eu l'existence "facile" que certains pourraient croire et, à 53 ans, elle entend bien garder son indépendance, tant pis pour ce qu'en pense son fils aîné (le portrait de son père, dont elle est divorcée), sa belle-fille, totalement azimuthée, et sa capricieuse de belle-petite-fille. Marge est psy, et elle est aussi apte à réviser ses jugements quand elle se trompe. S'occuper des autres, c'est bien, être capable comme elle le fait de se remettre en cause, c'est encore mieux, ce qui prouve toute la richesse de ce personnage. Bien sûr, lle est aussi apte à enquêter, même si ce n'est pas sa tâche, même si cela peut provoquer quelques catastrophes en cascade quand on approche de trop près de certaines vérités.
Une heure de ténèbres est un roman très intéressant, et, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas l'impression que l'auteure ait écrit d'autres livres depuis.
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