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Critique de Thaddeus


Qu'ont-ils en commun le faussaire, le mythomane et le romancier ? Tous les trois nous obligent à nous questionner sur cette notion étrange et surévaluée qu'est la « Vérité ». Simon Roy nous rappelle, dans Fait par un autre, que la vérité et la fiction sont soeurs. Elles se fabriquent, à partir de la même substance. Nous sommes nous-mêmes des fictions ambulantes. Bien souvent, nous ne chérissons rien autant que les mensonges sur lesquels reposent l'illusion qu'est notre vie.
Il y a beaucoup a dire sur ce roman. À commencer par sa forme. À la fois roman et essai, à cet égard, les multiples références et les notes de bas de page témoignent d'un sérieux certain. Il est composé de 71 petits chapitres qui se lisent très bien. L'auteur retrace la vie du peintre et faussaire québécois Réal Lessard. Mais ce livre n'est pas à proprement parler une biographie. Il restitue une époque et un milieu social précis : les années 1960 et le monde de la peinture. Certaines scènes se gravent dans la mémoire du lecteur : les tribulations américaines du jeune Réal aux côtés de son amant et escroc captivant Fernand Legros, les parties à Ibiza où apparaissent le célèbre cinéaste Orson Wells, Elmyr de Hory, le faussaire possédant pas moins de 60 pseudonymes, l'écrivain intrigant Clifford Irving, etc.
À travers cette histoire rocambolesque, le lecteur trouvera moult réflexions sur la vérité et le nom propre, sa valeur et son influence dans la vie de celui qui le porte. L'écriture de Simon Roy est volontairement fragmentaire : « Les fragments, c'était mon postulat, auraient imposé par leur discontinuité une cassure révélatrice de l'illusion qu'on se fait de l'unité du monde ». (p. 88) Mais la cassure n'équivaut pas à la bifurcation. Ce qui semble être digressif ne l'est pas vraiment. Dans ce roman protéiforme, il n'y a rien d'absolument gratuit ou d'impromptu, tous les thèmes abordés, toutes les actions et anecdotes encerclent un même sujet : la vérité, et le rapport que nous entretenons avec celle-ci. Certes, le diptyque vrai-faux est l'un des plus notoires de la littérature. Simon Roy ajoute donc sa voix à la conversation infinie qu'est le pays des lettres. Il se livre, en jouant délicatement sur les ambigüités. le doute persiste et permet, une fois le livre terminé, au lecteur d'entamer sa propre réflexion. Ce dernier ne peut que se désoler que le roman ne contienne que 220 et quelques pages, tant il aurait désiré en lire beaucoup plus.
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