AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Colchik


Ce livre m'a paru extraordinaire à plusieurs titres. Il se déroule en Inde, dans l 'État du Bihar (Kerala), dans la ville d'Ayemenem. La mousson est là, noyant le paysage, grossissant les eaux du fleuve, frappant de ses bourrasques les volets de la villa décatie de la famille Kochamma. Dans la maison presque assoupie, que la vie a déserté, il n'y a que la propriétaire, la vieille et obèse Baby Kochamma, sa servante, et les deux petits-neveux de Baby, les jumeaux Rahel et Estha. Ce dernier a été renvoyé auprès de sa famille maternelle car son père s'apprête à émigrer en Australie et il ne saurait que faire d'un jeune homme mutique et absent. Rahel a quitté les États-Unis et un mariage raté pour retrouver un frère dont elle a été séparée depuis vingt-trois ans.
Tout d'abord, il y a le récit étrange, envoûtant de la vie des jumeaux Rahel et Estha, dans la maison de leur grand-mère, Mammachi, au moment de l'arrivée, à Noël, de leur cousine Sophie Mol, en décembre 1969. Ils sont âgés de huit ans et attendent l'arrivée de la fille de leur oncle Chacko, qui vient d'Angleterre avec sa mère. Mais ce récit est entrecoupé par une autre narration, celle du retour des jumeaux dans cette même maison que le malheur a frappé.
On entre dans ce livre par les sensations, la pluie qui s'abat sur le jardin, la chaleur moite de la mousson, la lumière qui joue dans les feuillages, le crépuscule et ses ombres. Puis, le sentiment d'étrangeté nous suit avec la fréquentation des différents personnages, dans ce qu'ils ont de fragile, d'excentrique, d'impétueux. L'écriture d'Arundhati Roy est un fil scintillant tendu entre le merveilleux et la présence parfois triviale du quotidien. Dans son univers touffu, parfois étouffant, où la nature joue un rôle à part entière, l'absurdité comique surgit quand on s'y attend le moins, comme un signe de l'incapacité humaine à maîtriser son destin. Pourtant, si l'auteur dénonce le poids des interdits sociaux, la haine prompte à se libérer dès que l'individu s'écarte des codes imposés par les traditions, elle montre aussi qu'il existe une voie de réparation aux saccages opérés par la violence sous toutes ses formes.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}