dans l’éruption de la source
il suffirait d’un saut
pour repartir à neuf
intimement liée à l’instinct
chaque origine au monde est à inventer
tout arrive après ce malentendu
nous manquons d’absence
comme un volcan
l'heure est nue
je cherche un verbe
pour me nommer
fleuve rouge
dans l'infini du ventre
venir au monde
s'est joué dans une noyade
je n'eus d'autre plage
où échouer
je suis plus nu
que le bois mort
je gis
dévasté par la douleur d'une inconnue
vivre brisé
traverses d’horizon
emportées par des paysages inattendus
je me protège de l’étrangeté de l’oubli
je me coule
dans la source même du mouvement
vers l'aurore où je monte
je répartis mes forces
dans la juste part du bonheur
je sais
le seul fait que le soleil existe
ne suffit pas
j'ai pataugé au soleil dur
des boulevards d'été
tourner mon corps à l'ombre
comme dans un accident
d'espace et d'espoir
au matin des routes roses
pour filer tout fin seul
pour rayer le brouillon du ciel
se débrouiller à vie
ailleurs
léchant mon corps
de sa vague d'oubli
j'entends ma lenteur de vivre
comme un bruit d'océan
marcher sur le sable de l'orage
un jour que la mer se plisse
de beaucoup de regrets
entre la faim et l'origine
des tumultes font des rides
à la plage du recours
asséché à jamais
un espoir salé m'érafle les lèvres
je sais le corps que je suis
mais sur quel coeur
nous montions vers les dissonances
de notre insomnie aliénante
nos obsessions tournaient
dans un impossible attachement
ils prenaient tout
ce que nos mains avaient de vide
et nos combats têtus
parcouraient des fleuves de tumultes
assaillis de glaciers pleureurs
nous déchirions nos draps
avec notre peur obscène de la lumière
fracas
pour tout orchestre
où tout s’entend
comme un tambour de peurs