AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cancie


Cancie
08 septembre 2019
Au milieu des années 1970, Gilles, le narrateur, jeune élève au collège des Mattons à Vizille, est un brillant élève ; quarante ans plus tard, alors qu'il est devenu spécialiste de culture juive, un message électronique reçu lors d'un colloque va l'obliger à convoquer ses souvenirs pour revenir sur un épisode s'étant déroulé lorsqu'il était en classe de cinquième.
Le roman débute avec une photo de classe "année scolaire 1974-1975" prise au collège de Vizille, sur laquelle se trouve notre narrateur.
J'ai immédiatement embarqué avec lui, en retrouvant avec plaisir ces années-là dans une région très proche de la mienne. Même si c'est souvent un peu teinté de nostalgie, il est toujours très agréable de se voir plongée quarante ans en arrière.
Je crois que tout lecteur peut se retrouver dans cette vie de collégien et je pense que l'auteur a très bien analysé les sentiments de ce jeune ado, encore enfant et donc un peu naïf. Il a su également entretenir le suspense avec maestria avant de nous dévoiler quel avait été ce fameux évènement qui avait marqué cette année scolaire 75. Une fois l'épisode crucial dévoilé, j'ai suivi Gilles, le narrateur, avec grand intérêt dans ses tentatives de décortiquer l'imbrication des conflits politiques des années 70 et des malaises familiaux. Quelle torture mentale pour lui qui ne se souvient que de très peu de choses et qui tente néanmoins de convoquer des souvenirs enfouis et refoulés pour reconstituer ce sombre épisode.
L'auteur creuse alors l'identité juive et nous fait part des différences existant suivant leur origine. N'oublions pas que l'auteur est spécialiste de culture juive !
Cette recherche de souvenirs et de sensations qui forment un tas, comme un empilement d'aiguilles de mikado qu'il faut tenter d'extraire une à une, souvent en se piquant, est menée avec beaucoup de patience et de talent.
Ce court roman autobiographique de 186 pages dont le sujet principal est la quête d'identité m'a séduite par les multiples aspects qu'il aborde : la vie au collège puis au lycée, la mémoire, qui peut se révéler souvent capricieuse, l'histoire de la 2ème guerre mondiale avec ses camps de déportation et l'antisémitisme toujours d'actualité. Ce sont tous, des sujets très sérieux et pourtant, Gilles Rozier a réussi à les développer en les saupoudrant assez souvent d'un humour très fin. Une recette du gâteau au chocolat de la grand-mère de son père qui, sans nul doute, sera ma prochaine expérience culinaire, nous est d'ailleurs offerte. Il a su également créer une forme d'expression à part, en écrivant certaines expressions très importantes pour lui, sans espace et en italique : lusine, mortendéportation, lévènement, endéportation, copinesdedéportation, lesJuifs, lescamps, ce que j'ai trouvé très efficace et original.
Mikado d'enfance de Gilles Rozier : un livre que je recommande chaleureusement !

Livre lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1110



Ont apprécié cette critique (107)voir plus




{* *}