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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 6 épisodes parus en 2011, ainsi que le numéro 26 de "The Brave and the bold" (paru en 2009).

Xombi 1 à 6 (scénario de John Rozum, illustrations et couleurs de Frazer Irving) - David Kim est un chercheur scientifique d'origine coréenne et américaine. Il travaillait dans un laboratoire dans le domaine des nanotechnologies. Suite à un accident, son assistant lui a inoculé une solution de nanomachines qui lui assure une vie éternelle, ainsi que certains pouvoirs surhumains, le transformant en Xombi. Au Brésil, Julian Parker prend conscience de manifestations surnaturelles qui l'incite à demander l'aide de David Kim. Ce dernier est en train de regarder un vieux film avec Chet Flyn, un de ses amis. Il accepte d'aller aider une bien étrange équipe à empêcher un certain James Church de s'échapper d'une prison miniature. La bien étrange équipe se compose de Père Maxwell, Catholic Schoolgirl, Nun of the Above et Nun the Less (ces 2 derniers noms constituant des jeux de mots assez faciles d'accès).

En 1993, DC Comics lance une nouvelle série de comics, regroupée sous la branche éditoriale Milestone Media. Cette dernière a été fondée par Dwayne McDuffie et Denys Cowan (plus 2 autres) pour rétablir une forme de mixité dans les comics de superhéros. Parmi ces séries se trouvent "Hardware", "Icon", "Blood Syndicate", "Static", Shadow Cabinet", "Kobalt" et "Xombi" (21 épisodes à partir de 1994, tous écrits par Rozum).

En 2011, John Rozum a donc à nouveau la possibilité d'écrire les aventures de David Kim le temps de 6 épisodes. Il reprend les aventures de Xombi là où il les avait laissées. Toutefois il n'est nul besoin d'avoir lu la série initiale pour comprendre ce tome. Rozum présente chaque personnage rapidement, et les références à la continuité sont minimes. Kim évoque en passant Dalia Rose, sa fiancée, qui n'apparaît jamais dans l'histoire. Les précédentes aventures l'impliquant avec Julian Parker ou le rabbin Sinnowitz ne sont jamais évoquées. Enfin Rozum ne se sert pas de comics comme d'une tribune pour prôner l'égalité entre les races, ou pour dénoncer le racisme ordinaire. Kim a du sang coréen dans les veines, il est impossible de l'ignorer du fait de ses traits marqués, mais ce n'est pas le centre du récit, ni même une composante. Il s'agit juste de montrer que tous les superhéros ne sont pas blancs et issus d'une classe sociale moyenne ou aisée.

John Rozum projette son héros dans un monde où le surnaturel existe et où il prend des formes bizarres autant qu'étranges. Il réussit à boucler son histoire en 6 épisodes et il promène le lecteur de trouvailles en mystères, en alternant les scènes d'action avec les scènes d'exposition. Rozum sait inventer un monde riche et dépaysant, qui présente une solide cohérence. David Kim est un héros plutôt décontracté, tout en restant sérieux. Les personnages qui l'entourent ont chacun leur personnalité qui est agréable. Rozum ne joue pas sur la sinistrose ou l'ultra-violence. Au-delà de mettre en scène un héros métissé, il n'hésite pas à faire intervenir un prêtre et un rabbin. L'ouverture d'esprit de Rozum lui permet de les décrire comme étant intelligents et sages, sans aucune moquerie. Par contre, il est évident que les nonnes sont à prendre au second degré, à la fois dans leur appellation, mais aussi dans leur mission violente de lutter physiquement contre le mal (arme à feu en main). Ce groupe de héros se bat contre un vrai méchant qui essaye de s'emparer de territoires par la ruse (et la force). Toutefois ce personnage est sauvé du cliché grâce à la manière par laquelle Rozum justifie ses motivations.

Le scénario de Rozum mérite le détour pour sa tolérance et son inventivité dans les manifestations surnaturelles. Il faut dire également qu'il bénéficie d'un illustrateur d'une qualité exceptionnelle. Il s'agit de Frazer Irving qui a déjà travaillé avec Grant Morrison, par exemple sur Batman & Robin Must Die. Il définit une couleur principale pour chaque scène et il joue sur les camaïeux pour les ombrages et pour faire ressortir une forme par rapport à l'autre. Il a recours à des couleurs telles que le bleu pétrole, l'ocre, le pourpre. L'utilisation de l'infographie lui permet de disposer d'une palette très étendue allant d'une nuance saturée à une nuance éthérée. Ce choix de mise en couleur intensifie aussi bien l'immersion que le dépaysement du lecteur, pour un résultat enchanteur. Irving effectue également un travail personnel sur les formes, en privilégiant les contours bien nets. Il conçoit ses aplats de noir de manière monolithique tout en les plaçant de manière à fournir un ancrage à chaque case dans la page. Il utilise une mise en page plutôt aérée avec une moyenne de 5 cases par page. Il dessine des personnages réalistes sans être surchargés, en accentuant un détail pour renforcer la personnalité telle la mèche de cheveux de David Kim. Il se révèle être un illustrateur inventif et créatif qui sait imaginer des visuels et des décors qui sortent de l'ordinaire et attestent de l'investissement de leur auteur.

Le tome se termine avec l'épisode de "Brave and the bold" qui raconte la rencontre entre Xombi et le Spectre (version Crispus Allen). John Rozum n'est visiblement pas très à l'aise avec le Spectre dont les actions le font passer pour un incroyable idiot manquant de jugeote et de présence d'esprit, et l'intervention divine est kitch à souhait. L'épisode est illustré par Scott Hampton en mode peu impliqué (les décors sont absent plus souvent qu'à leur tour). Hampton éprouve la même difficulté que Rozum à rendre le Spectre crédible. Il faut bien reconnaître que la tâche est quasi impossible dans la mesure où il s'agit d'un personnage à l'apparence spectrale, la peau diaphane, habillé d'un capuchon vert vif se terminant en cape, et d'un slip de bain de la même couleur.

L'inventivité de John Rozum et de Frazer Irving invitent les lecteurs à un voyage très dépaysant dans un monde surnaturel pour un divertissement très riche, sans être intellectuel, tout en promouvant discrètement la différence et la mixité.
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