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Critique de Sarindar


Il existe bien des ouvrages sur al Andalus et l'Espagne musulmane.
C'est le grand mérite d'Adeline Rucquoi, spécialiste incontestée de l'histoire médiévale de la péninsule ibérique, d'être remontée plus loin pour nous conter cette histoire de l'Espagne et du Portugal au Moyen-Âge, et d'avoir souligné qu'il est logique de la faire démarrer de l'occupation de la zone par les Wisigoths qui, influencés par la culture latine, lui ont donné le premier cadre juridique et politique après la chute de l'Empire romain. Adeline Rucquoi a certes choisi un peu arbitrairement l'année 587, qui est celle de la conversion du roi Récarède au christianisme, pour donner le repère historique d'un commencement d'histoire chrétienne de la Péninsule, mais nous reconnaîtrons que cette date est, au moins, aussi recevable que l'année 711 l'est pour faire démarrer celle de l'Espagne musulmane, avec l'irruption du Berbère Tariq ibn Ziyad à Gibraltar.
Nous ne referons pas l'histoire compliquée des créations des monarchies chrétiennes dans l'Espagne et le Portugal du Moyen-Âge, qui ont conduit à une fragmentation régionaliste et à une difficulté pour ces dernières à reprendre rapidement aux Maures le terrain par eux conquis. Il y a des avancées et des reculs dans le phénomène de Reconquista en fonction des vagues invasives des Almoravides, Hammadides et Almohades, avec la mise en place de la politique des Taifas. Mais nous noterons que, pour les Chrétiens, deux dates majeures sont à retenir qui correspondent avec des reculs islamiques : la victoire "fondatrice" de Las Navas de Tolosa en 1212 et celle de la "reconquête" du royaume de Valence en 1238. Dans les guerres "civiles" que se livrèrent, entre autres, les Castillans au XIVème siècle, dans les rivalités entretenues entre Castille et Aragon, entre "Espagne" et "Portugal", il faut voir quelques-unes des nombreuses causes qui retardèrent la "réunification" de l'Espagne chrétienne. On sait que c'est seulement en 1492, après maintes péripéties, que les Chrétiens réussirent à reprendre à "l'occupant" musulman la ville de Grenade.
On notera, au fil des pages où Adeline Rucquoi ne cache pas les triples empreintes confessionnelles que la péninsule ibérique eut à connaître de la part des Chrétiens, des Musulmans et des Juifs, avec une tentative des premiers à essayer de gommer, voire d'éradiquer, l'influence des deux autres communautés de croyants, une arrivée et un renfort constants mais assez numériquement variables des Chrétiens européens, certainement pas totalement comparables avec les poussées musulmanes.
L'histoire médiévale de la péninsule ibérique est donc, définitivement, plurielle.
Sachons gré à Adeline Rucquoi d'avoir redonné son importance à la recréation lente, progressive et difficile d'une Espagne et d'un Portugal chrétiens au Moyen-Âge.
Sans doute faut-il voir dans la tentative chrétienne d'effacer l'oeuvre des Musulmans et le rôle que purent aussi jouer les Juifs à l'époque l'explication de "l'ultracatholicisme" développé ultérieurement, notamment à travers une institution aussi particulière que l'Inquisition.

François Sarindar
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